Le conflit qui oppose le Mouvement des forces démocratiques de Casamance et l'État sénégalais a fait l'objet de médiation par diverses institutions, chacune ayant pour but de mettre fin au conflit. Cet article porte sur l'une de ces interventions qui se prétend issue de la tradition de la parenté à plaisanterie entre les Diolas et les Sérères. Il examine comment la parenté à plaisanterie entre les Jolas et les Sérères devient "instrumentalisée" en tant que méthode de gestion du conflit armé. L'article montre comment une pratique culturelle est transformée pour devenir un instrument de politique et donc, comment la tradition devient politisée. En passant, l'auteur montre qui la logique de l'instrumentalisation s'inscrit dans un imaginaire sénégalais portant sûr l'état-nation. L'action inscrit le conflit dans un discours nationaliste et fait l'impasse sur l'économie politique qui est au fond du conflit. Il s'agit donc d'une contribution au débat actuel sur la résolution autochtone des conflits. Les méthodes traditionnelles de résolution des conflits ne devraient pas être comprises en tant que tradition a-historique mais plutôt en tant que geste de ré-interpréta-tion du conflit par les organisations non-gouvernementales et l'État.
391This article is based on fifteen months fieldwork that took place in 1994 and 1995 and on subsequent visits