Si, de nos jours, les espaces délaissés urbains sont perçus négativement par l’imaginaire collectif en France, il n’en a pas toujours été ainsi. Nous proposons, au croisement de l’économie et de l’aménagement urbain, une relecture du concept des trois âges de l’urbanisme d’Albert Lévy (1998) sur les mutations de la ville française. L’objectif de l’article est de montrer, qu’à partir des années 1990-2000, l’évolution des perceptions et la réappropriation des espaces délaissés urbains par des réseaux d’acteurs informels reposent sur de nouvelles valeurs, marqueurs d’un nouveau modèle socio-économique émergeant en rupture avec celui du modèle productiviste en crise des années 1970. Nous montrons que ces valeurs préfigurent un nouveau modèle urbain où les espaces délaissés retrouvent un statut comme jachères urbaines dans les stratégies des villes, notion que nous conceptualisons comme potentiels d’expérimentation et d’adaptation d’un modèle urbain résilient.