Cet article s’intéresse à la relation entre l’innovation collaborative et les dynamiques urbaines à travers le recours, par les collectivités, aux événements de type hackathon . Les hackathons s’inscrivent dans un contexte de transformation de l’action publique urbaine sous l’effet du néolibéralisme urbain et de la diffusion de modèles de ville « intelligente » et « créative ». L’étude d’un hackathon (Gare Remix, Lyon, avril 2015) au prisme de la notion de dispositif permet de souligner ce qui configure les pratiques des participants et ce qui échappe au cadre. Malgré des formes de créativité significatives à l’égard du dispositif, les productions issues du hackathon ne trouvent pas leur place dans l’aménagement de l’espace. Elles apparaissent en décalage, à la fois trop bricolées pour la ville « intelligente » et trop techniques pour l’urbanisme do-it-yourself , ou tactique, dont se réclament pourtant les collectivités aujourd’hui. L’article montre que la portée effective des hackathons se situe finalement à d’autres niveaux : celui des processus de l’action publique urbaine et de sa gouvernance, celui des acteurs privés dans une logique de récupération, celui des participants qui trouvent dans les hackathons des ressources capacitantes (formation, réseautage…).
Les villes européennes font face à un triple phénomène de vacance (logements, immeubles de bureaux, friches industrielles). D’abord symptômes de « villes en déclin », puis servant la spéculation, ces espaces sont devenus dans les années 1990 et 2000 les supports de formes de réappropriation à la fois par les citoyens et par les acteurs des politiques urbaines. Dans un cadre comparatif, cet article examine le cas de deux expériences de lieux autogérés conventionnés par des acteurs publics – respectivement un fablab et un centre social autogéré – à Gand et à Madrid. Mettant en évidence les conditions dans lesquelles ces expérimentations sont nées, l’article montre d’abord en quoi l’instrumentation par le projet urbain facilite l’ouverture de modes de gouvernance et de mises en œuvre flexibles et, malgré des effets de délimitation et de contrôle de l’espace par les acteurs publics, laisse la place à des formes diverses d’appropriation par les usagers. Ensuite, démontrant le caractère non exclusif de processus de déterritorialisation, territorialisation et reterritorialisation qui se superposent, l’article montre que tout régime de territorialité est hybride. Via la comparaison, l’article s’insère dans les débats sur la standardisation et la différenciation des politiques urbaines : si les politiques urbaines européennes produisent bien de la standardisation dans leur instrumentation, l’analyse de la mise en œuvre et des comportements des usagers permet de montrer des processus de différenciation.
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