L’imagerie urbanistique est le point de départ d’une réflexion sur les tensions entre ville projetée et ville vécue dans l’agglomération koweïtienne. Cet article propose un regard interne sur les images de projets urbains, où la géographie sociale interroge les processus qui les produisent, ainsi que les lieux et les hommes qui les reçoivent. L’analyse, constituée à partir d’un vaste corpus photographique, d’observations et d’entretiens sur le terrain, permet d’abord d’établir le rôle central joué par les publicitaires dans la fabrique de la ville, tout en révélant les tensions générées par leur domination sur la « vitrine » urbaine. L’article montre ensuite que les images tendent à s’autonomiser des projets qu’elles soutiennent, accentuant le processus de « virtualisation » de la ville. Enfin, l’article ouvre sur la crise du néolibéralisme urbain, dont les édifices publicitaires obsolètes et détournés de Koweït peuvent être considérés comme un symptôme.