Le principe de libre circulation au sein de l’Union européenne et celui de l’interdiction des discriminations fondées sur la nationalité impliquent le droit pour tout citoyen européen d’être traité sur le territoire d’un autre État membre comme s’il n’y était pas étranger (Chopin, 2008). Ces principes, conjugués à des situations socio-économiques différenciées entre les pays membres, favorisent une émigration importante des pays de l’Europe centrale et orientale vers l’Europe occidentale. Dans ce contexte, une expérience de mobilité académique représente un enjeu important pour les étudiants qui peuvent « tester » et se former à une vie à l’étranger. À travers une ethnographie d’expériences de mobilité en France d’étudiants croates, nous mettons en évidence qu’une telle expérience, si elle est généralement bien vécue, n’est pas facilement réinvestie par la suite dans un parcours de vie et mène à des formes d’immobilité (Gohard-Radenkovic et Veillette, 2015). Si les étudiants choisissent de rester dans leur pays d’origine, ils peinent à faire reconnaitre les compétences acquises à l’international. S’ils font le choix de repartir, leur mobilité académique ne les a pas préparés à une expatriation et ses contraintes. Cette ethnographie nous mène au constat que les étudiants en mobilité ont besoin, certes, de suivre des études en français, mais également de conscientiser les compétences acquises lors de leur séjour, de développer un pouvoir d’agir et un savoir-devenir (Lebrun, 2007) ainsi que la capacité de savoir se dire afin d’être à même d’écrire leur « biographie élective » (Beck et Beck-Gernsheim, 1999). C’est pourquoi, nous pensons qu’il serait utile de développer des formations formant aux outils de l’anthropologie et adoptant une approche biographique afin de développer des compétences réflexives permettant aux étudiants de conscientiser leurs acquis, les conditions sociales de leur existence et de savoir se positionner et développer une identité narrative.