médecine/sciences> L'étude des souffrances et des maladies dans les écrits médicaux anciens apporte des données sur la réalité historique et la dynamique des phénomènes pathologiques, leur émergence, leur diffusion et leurs relations avec l'environnement physique et humain. Elle éclaire aussi la manière dont ont été élaborées les entités qualifiées de « maladie » ou considérées comme telles par la médecine, et questionne, au même titre que les études transculturelles, l'universalité des catégories pathologiques employées. L'intérêt de cette étude pour la médecine et la santé publique contemporaines est illustré par l'analyse de quelques textes choisis du XVIII e siècle français. < été élaborées les entités qualifiées de « maladie » par la médecine, et questionne l'universalité des catégories pathologiques employées. Comme les études transculturelles, les études historiques offrent en effet la possibilité de reconnaître aux phénomènes pathologiques des expressions constantes ou variables, orientant vers des méca-nismes principalement biologiques ou principalement psychologiques et sociaux. J'illustrerai mon propos par quelques études de textes du XVIII e siècle français, témoins d'une culture encore relativement familière et rédigées dans une langue accessible aux lecteurs.
Caractérisation des maladies dans les sources textuelles anciennesLes études historiques des souffrances et des maladies devraient s'efforcer de caractériser les phénomènes pathologiques à partir des informations disponibles dans les sources considérées. Les sources textuelles, les sources iconographiques et les sources biologiques posent des problèmes différents [4-6], mais leur étude exige toujours une méthodologie rigoureuse, aux antipodes du recueil d'anecdotes consacrées aux maladies ou aux restes des « célébrités ». L'étude des sources textuelles nécessite le recours simultané à des notions contemporaines, médicales et épidémiologiques, et à des données historiques fines précisant les conditions d'écriture des textes considé-rés, qui doivent être soumis à la critique historique [7]. Une familiarité avec les connaissances théoriques et les raisonnements utilisés par les médecins à leur époque, ainsi qu'avec les questions et problèmes qui leur étaient posés (par les malades ou les sociétés) est indispensable. L'historiographie des dernières décennies a parfois fait preuve de scepticisme quant à la possibilité de caractériser les phénomènes Les souffrances et les maladies représentent des aspects essentiels de la vie humaine et occasionnellement des facteurs historiques de première importance. Étudier les grands fléaux, les grandes épidémies, mais aussi les fardeaux de souffrance supportés quotidiennement par l'homme, les recours qui ont été cherchés et les soulagements qui ont été apportés, relève de plein droit de l'histoire. Cette étude peut également être bénéfique pour les médecins et les spécialistes contemporains de santé publique, chercheurs et praticiens. Elle enseigne aux uns et aux autres la modestie et aiguise l'esprit critique ...