“Prendre sa place” : un contrôle social de genre exercé par les pairs dans un espace augmenté

Abstract

Les outils numériques –tels les smartphones– dont dispose presque chaque élève sont désormais importés à l’école. Transitant entre espaces privé et public, ils ouvrent aux jeunes d’incommensurables possibilités de relation et de communication. Dans quel sens les relations entre pairs se transforment-elles sous l’effet de ces nouveaux médias de socialisation ? La socialité adolescente actuelle s’apprend, entre autres, par la fréquentation des pairs et sous leur contrôle permanent dans l’espace scolaire et le cyberespace qui participent d’un même espace social. Une recherche empirique exploratoire (dans 8 collèges et 4 lycées) montre que le système de genre agit comme une clé de socialisation différenciatrice suivant le sexe de l’individu. La médiation des normes sociales y est continue et semble exacerber les règles d’une mise en scène de soi genrée dont les pairs sont autant spectateurs que juges. Elles s’expriment par la parole permanente sur l’autre, créatrice de rumeurs et faiseuse de réputation quelle que soit la forme qu’elle prend (“like”, “dossiers”, “tags”, diffusion ou rediffusion décontextualisée, porno-vengeance (revenge-porn) dont l’expression, caractéristique des adolescents, peut être violente, crue, incisive, sévère dans ses conséquences. Le passage par les outils du numérique participe ainsi d’une configuration des rapports sociaux qui réaffirme et consolide les effets de domination dans le système de genre.

Del primer contacto a la primera cita. interacciones en páginas de encuentro online en Chile

“…Esta diferencia entre los géneros se debe a la desigual posición desde la cual unos y otras acceden a los sitios de citas, en los cuales -como en otros espacios-lo permitido y prohibido en cuanto a afectividad y sexualidad difiere para hombres y mujeres (Bergström, 2012;Casado, 2014;Couchot-Schiex, 2017;Schippers, 2018). Como señala Marie Bergström (2012), las usuarias de los sitios de encuentro deben hacer una gestión cuidadosa de su discurso, para evitar ser tachadas de promiscuas o tener que vivir actitudes predatorias por parte de otros usuarios.…”

Cybersexism: How Gender and Sexuality Are at Play in Cyberspace

“…Similarly, we can reasonably consider that instances of cyberviolence between peers often come from a quest of a higher social status, or contribute to establish the limits of what is socially considered acceptable or not (Payne & Smith, 2013). This is not specific to cyberspace, but social medias play a significant role in formalizing signs of support or admiration, or of depreciation and exclusion (Balleys, 2017), and in reaffirming allies (Balleys, 2017;Couchot-Schiex, 2017).…”

“…In this case, both boys and girls are looking to increase their popularity: boys by showing they can accumulate such pictures (Ringrose et al, 2013), girls by sparking positive comments on their bodies on social networks (showing -to some extent only -desirable femininity). When such pictures are widely disseminated, though, it is only to the advantage of boys (whose popularity grows along with dissemination), while girls are generally condemned for having sent these pictures in the first place (and even if they were never intended for wide dissemination) (Dobson & Ringrose, 2015, Couchot-Schiex, 2017.…”

“…What do these students pursue online? The goals are an increase in popularity or in social capital (Couchot-Schiex, 2017), but we were told the means to achieve these goals vary according to gender. Consider the following excerpts from focus groups.…”

Perspectives théoriques pour une définition des études sur le genre, les sexualités et les normativités

“…Grâce aux caractéristiques qui lui sont spécifiques (anonymat des agresseurs facilité, large diffusion possible, possibilité amoindrie de contrôle) (Blaya, 2015), le cyberespace a été analysé sous l'angle des normes qu'il véhicule et qui encouragent les performances stéréotypées de la féminité, de la masculinité et de la sexualité (Balleys, 2017;Couchot-Schiex, 2017). Le contrôle social genré qui y est exercé cible distinctement les filles, par l'appropriation de leur intimité (via la possession et la transmission de photos ou de vidéos les mettant en scène) et la gestion de leur corps (slut shaming) (Ringrose, Harvey, Gill, et Livingstone, 2013).…”