En juillet 2005, un brûle-encens portant une inscription magique en latin et des vases décorés de serpents sont fortuitement découverts à Chartres. La fouille d’urgence qui a suivi a mis au jour un ensemble d’objets liés à la pratique de la magie, cachés dans la petite cave d’une domus détruite par un incendie au tournant du ier-iie s. apr. J.-C.Cet ensemble comprend trois vases à décor de serpents, un couteau à lame large, deux lampes à huile, une quinzaine de poteries entières (bouteilles, flacons, assiettes et pots), une petite série d’ossements animaux calcinés et des fragments de verre fondu. Des éléments de mobilier en fer et en alliage cuivreux, ainsi que des charnons en os, permettent de reconstituer un coffret, une armoire et sans doute un ou deux coffres.Le texte d’un turibulum se développe sur l’ensemble de l’objet, du couronnement à la base. Il est disposé en quatre colonnes séparées par des traits verticaux, chacune correspondant à une orientation cardinale. Il fait appel aux « divinités toutes puissantes » au profit de C. Verius Sedatus, parce que celui-ci est leur gardien. C’est l’un des rares textes magiques bénéfiques découverts dans le monde romain qui mentionne un citoyen romain de la cité des Carnutes. C. Verius Sedatus, peut-être originaire de la cité des Carnutes, est vraisemblablement le magicien, à moins qu’il s’agisse du seul commanditaire de la cérémonie. Cet article est également l’occasion d’identifier l’attirail d’un magicien composé pour une part d’objets fabriqués pour les rites magiques, pour une autre d’ustensiles de la vie courante, détournés de leur fonction primaire.