Psychose et impulsivité : un mauvais mariage

Abstract

L'impulsivité chez le patient atteint de troubles psychotiques se manifeste par une multitude de comportements pouvant avoir un impact majeur sur l'évolution et le traitement de la maladie ainsi que sur le fonctionnement occupationnel et social. Différentes hypothèses expliquant les comportements impulsifs et leurs conséquences pour le patient et son entourage seront explorées. Des approches thérapeutiques sont identifiées afin d'améliorer la prise en charge des patients avec des troubles psychotiques présentant des comportements impulsifs et subséquemment, de diminuer l'impact des conséquences de l'impulsivité.L'impulsivité chez les personnes souffrant de psychose a été peu traitée dans la littérature avant les années 2000. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette absence, dont la difficulté de distinguer l'impulsivité de l'agressivité ou que celle-ci ait été surtout attribuée aux comorbidités des individus atteints de psychose. Dans la dernière décennie, les recherches portant sur ce sujet ont exploré majoritairement les causes de l’impulsivité (souvent mesurée en laboratoire) et ce, en lien avec des modèles théoriques. Peu d’études cliniques se sont penchées sur le traitement de l’impulsivité, malgré les manifestations cliniques fréquentes de l'impulsivité par des comportements ou des actes mentaux bien précis chez la clientèle présentant des troubles psychotiques. Pourtant, il est primordial de s'y attarder puisque l'impulsivité peut engendrer de lourdes conséquences dont un risque accru d’agressivité et de violence (Barratt, 1991; Barratt & Felthous, 2003; Quanbeck et al., 2007; Volavka & Citrome, 2008) ainsi que de comportements suicidaires (Mann,Waternaux, Haas, & Malone, 1999; Gut-Fayand et al., 2001; Iancu et al., 2010). De plus, elle jouerait un rôle majeur dans le développement et la persistance des troubles de toxicomanie comorbides (Bickel, Odum & Madden, 1999; Dervaux et al., 2001; Krishnan-Sarin et al., 2007) compliquant ainsi le traitement chez les individus atteints de psychose.Malgré l'absence de consensus sur sa définition, l’impulsivité est généralement exprimée par une conduite ou une réaction (à des stimuli internes ou externes) rapide, spontanée, excessive, non planifiée, potentiellement mal adaptée et pouvant être dangereuse qui ne tient pas compte des possibles conséquences négatives pour soi ou autrui (Enticott, 2006; Moeller, Barratt, Dougherty, Schmitz, & Swann, 2001). Par exemple, l’impulsivité se manifeste lorsqu’une personne fournit une réponse avant que la fin de la question ne lui soit complètement posée; lorsqu’une personne manifeste un acte violent sérieux non planifié ; lorsqu’une personne présente sa démission au travail sans penser aux conséquences de cette décision ou lorsqu’une personne rompt son bail de logement pour emménager rapidement avec un nouveau conjoint qu’elle ne connaît que depuis une semaine. Les individus atteints de schizophrénie seraient plus impulsifs comparativement à la population générale (Dursun, Szemis, Andrews, Whitaker, & Reveley, 2000; Enticott,...

Impulsivity in early psychosis: A complex link with violent behaviour and a target for intervention

“…Although these studies demonstrated an elevated level of impulsivity with occurrence of violence in a subgroup of patients, they didn’t clearly establish a link between VB and impulsivity. These conflicting results may also reflect a conceptual problem: if there is a general consensus regarding the definition on impulsivity which could be described as “a predisposition towards rapid, unplanned reactions to internal or external stimuli without regard to the negative consequences of these reactions to the impulsive individual or to others ” [21], impulsivity is also considered as a multidimensional concept [16, 22–24] and is assessed differently depending on the author. Finally, the fact that impulsivity can be investigated either as a personality trait or as a personality state which can vary according to pathology [13, 14] or situational factors, also contributes to the inconsistencies between studies.…”

The Link Between Cannabis Use and Violent Behavior in the Early Phase of Psychosis: The Potential Role of Impulsivity

“…In the EEP, prospective cohort studies have also shown that impulsivity is associated with serious aggression ( 37 , 50 ), either directly or indirectly. Several authors suggest that the relationship between impulsivity and VB may be mostly indirect ( 89 ) and mediated by other factors, like early conduct disorder, antisocial personality disorder ( 81 ), psychopathic trait, affective instability and negative emotions ( 73 ), as well as positive symptoms ( 78 , 79 ). In addition, substance use is frequently highlighted as a dimension that may also underlie this link ( 78 , 81 , 90 ).…”

“…In psychosis, it is not yet known whether it is the pre-existing impulsive trait that drives the use or whether it is the use that increases impulsivity ( 76 , 78 , 95 ). Various authors show that patients who use cannabis are more impulsive ( 76 , 79 , 96 ) than those who do not. Repeated CU may also increase impulsivity ( 97 – 100 ) and impulsivity is thought to play a key role in the development and maintenance of drug dependence, including cannabis ( 70 , 78 , 98 , 101 – 103 ).…”

Frontal cortical thickness correlates positively with impulsivity in early psychosis male patients

“…Impulsivity is thought to be related to dysfunction in a brain circuit comprising cortico-subcortical regions, including the frontal cortex, pallidum, striatum and thalamus (Abdel-Baki, Turgeon, Chalfoun, & Nguyen, 2013;Aron, Behrens, Smith, Frank, & Poldrack, 2007;Hoptman, 2015), which results in a failure to inhibit inappropriate behaviour (Hoptman, Antonius, Mauro, Parker, & Javitt, 2014).…”

“…Impulsivity is thought to be related to dysfunction in a brain circuit comprising cortico‐subcortical regions, including the frontal cortex, pallidum, striatum and thalamus (Abdel‐Baki, Turgeon, Chalfoun, & Nguyen, ; Aron, Behrens, Smith, Frank, & Poldrack, ; Hoptman, ), which results in a failure to inhibit inappropriate behaviour (Hoptman, Antonius, Mauro, Parker, & Javitt, ). Although the understanding of how impulsivity may emerge during adolescence in relation to specific brain circuits and their maturation is of considerable interest (Whelan et al, ), it as received little attention in the field of early psychosis (EP) (Nielssen, Malhi, McGorry, & Large, ).…”