Le Big Data s’inscrit, pour reprendre l’expression foucaldienne, dans la « volonté à disposer des hommes et des choses » et représente une gouvernementalité algorithmique (Rouvroy et Berns, 2014). Si les analyses foucaldiennes se sont beaucoup centrées autour de problématiques institutionnelles, il est moins fréquent d’aborder la gouvernementalité sous l’angle de la sémiotique. Pourtant, en tant que forme de gouvernementalité, le Big Data s’y prête bien puisque, d’une part, il s’inscrit dans une logique de production du sens qui va de la donnée, à l’information et au savoir (Kitchin 2014). D’autre part, cette logique de production se déploie par le biais d’une économie politique du signe, ne serait-ce que par ses modalités sociopolitiques et techniques qui à la base déterminent ce qui est capté et ce qui ne l’est pas (Vris, 2013). En ce sens, nous nous proposons dans cet article d’analyser la dynamique de gouvernementalité algorithmique associée au Big Data par le biais de ses dimensions sémiotiques. Plus concrètement, nous dissèquer-ons celle-ci en ses deux moments constitutifs, soit le mode de légitimation de cette gouvernementalité et ses modalités de subjectivation pour ainsi éclairer comment le Big Data peut produire une « action sur l’action ».