Qui reste à la maison ? Organisation du travail rémunéré et des congés après une naissance au sein des couples bi-actifs en Belgique

Abstract

Bien que les pays occidentaux aient connu un développement sans précédent du modèle des couples à double revenu, l’égalité entre les hommes et les femmes sur le marché du travail reste insuffisante : la division du travail rémunéré entre les sexes continue d’être inégale après les naissances, et les congés parentaux sont très largement pris par les mères. À l’aide de données de panel basées sur des registres belges pour la période 1999-2010, nous évaluons l’influence des caractéristiques d’emploi relatives des conjoints avant l’arrivée d’un enfant sur les situations d’emploi et de prise de congé après la naissance. Les résultats des modèles logit multinomiaux soutiennent l’hypothèse microéconomique selon laquelle le membre du couple ayant le salaire le plus élevé, la plus longue expérience, et réalisant le plus d’heures de travail avant la naissance a le moins de probabilité de quitter le marché du travail. Peu d’éléments étayent l’hypothèse selon laquelle les modalités sexospécifiques des prises de congés seraient liées à des coûts d’opportunité moins élevés des conjoints ayant des salaires plus faibles ou un accès plus facile aux congés parentaux. Enfin, les simulations indiquent qu’au niveau macro, l’impact des caractéristiques d’emploi avant la naissance n’est pas assez fort pour aller au-delà des inégalités de genre post-naissance, particulièrement pour le recours au congé parental qui reste fortement lié aux normes sexuées et aux institutions.

Fathers’ Parental Leave Uptake in Belgium and Sweden: Self-Evident or Subject to Employment Characteristics?

“…Several explanations have been put forward for the persistence of gender inequalities in couples' division of paid work around the transition to parenthood, ranging from micro-economic and gendered moral rationalities on the individual or household level to parental leave policy designs and persistently gendered normative, institutional, or national contexts at the macro level. A limited, yet growing, body of literature documents these mechanisms and increasingly focuses on fathers' leave uptake in particular (Duvander 2014;Lappegård 2012;O'Brien and Wall 2017;Wood and Marynissen 2019). These studies identify partners' earnings (Lappegard 2008;Sundström and Duvander 2002), workplace characteristics (Bygren and Duvander 2006;Reich 2010), potentially gendered parenting norms and institutions (Wood and Marynissen 2019), and parental leave policy designs (Geisler and Kreyenfeld 2012;Mussino et al 2018) as determinants of fathers' parental leave use.…”

“…These countries are all characterized by degenderizing parental leave policies-policies that promote the elimination of gender roles (Saxonberg 2013) 1 . Countries characterized by explicitly (or implicitly) genderizing parental leave policies on the other hand-i.e., most of continental West and Central European countries (Saxonberg 2013)-remain understudied (Lapuerta et al 2011;Wood and Marynissen 2019). Furthermore, although previous research provides (some) evidence for micro-economic mechanisms (e.g., income loss) and the influence of gender norms and social policy design on couples' gendered divisions of parental leave, our knowledge on the extent to which national level contexts (e.g., family policies and overall level of gender equality) shape this behaviour (partners' agency) remains limited.…”

“…Despite the gender equal setup that Belgian parental leave policies have in common with Sweden, this policy is called 'explicitly genderizing', meaning that it explicitly promotes different gender roles for men and women (Saxonberg 2013). This is mostly due to the long and well-paid maternity leave versus the short paternity leave, which introduces a gendered habitus among new parents and may therefore give rise to a gendered behaviour (Wood and Marynissen 2019). In addition, the low flat-rate replacement benefits, limited flexibility, and strict eligibility criteria provide few incentives for parents to take up parental leave.…”

Work-Family Balance and Organizational Support for Fathers: An Analysis of Obstacles and Levers in Québec (Canada)

“…Financial compensation also emerges as a critical challenge, with some policies falling short of expectations (Wood & Marynissen, 2019). Countries grappling with inadequate provisions, notably short paternity leave periods in certain Central European nations and the absence of paternity leave and a universal program of maternity leave in the United States, are faced with questions of equity (Behson & Robbins, 2016;Dobrotić & Stropnik, 2020).…”

Prêts pour un premier enfant ? Le rôle des positions relatives de l’emploi des conjoints sur l’entrée en parentalité en France

“…S'agissant de la transition vers la parentalité, cela implique une participation plus importante des femmes aux soins à prodiguer aux enfants, tandis que la principale responsabilité incombant aux hommes est de garantir des revenus et d'accéder à un emploi stable. Les éléments empiriques démontrent que, même à l'heure actuelle et dans les couples à deux revenus, une répartition traditionnelle du travail rémunéré et des soins aux enfants entre hommes et femmes s'opère après la naissance du premier enfant (Grunow et Evertsson, 2016), et la situation relative des conjoints sur le marché de l'emploi avant la naissance n'explique pas complètement ce phénomène (Wood et Marynissen, 2019). Il est donc probable que le lien entre le statut d'activité et la transition vers la parentalité soit différent selon le sexe et que les revenus relatifs des conjoints jouent aussi un rôle.…”