Rap et banlieue : crépuscule d’un mythe ?

Abstract

A la seule lecture du titre, quiconque a la moindre culture historique aura répondu d'avance : "Mais bien sûr qu'ils y croyaient, à leurs mythes !" Nous avons simplement voulu faire en sorte que ce qui était évident de « ils » le soit aussi de nous et dégager les implications de cette vérité première 2 . L'analyse académique du rap en France a été à la fois précoce (il existait à peine un premier album de rap français qu'un livre sur le sujet voyait déjà le jour), et longtemps focalisée sur un cadrage unique : le rap comme expression des banlieues. La force de ce cadrage n'est pas fortuite : comme nous le verrons, il a pour lui l'appui de politiques publiques, de la définition médiatique du genre, et bientôt des oeuvres de certains artistes mêmes. Et pourtant, sans même parler de la théorie du reflet implicite dans ce cadrage, la faiblesse des appuis empiriques qui le soutient ne lasse pas d'interroger. Car il n'existait pas de données statistiques sur les publics du rap avant 1997, et il n'en existe toujours pas aujourd'hui en ce qui concerne les producteurs de rap. Ce topos du rap comme expression des banlieues ne repose donc pas sur le jeu habituel de l'administration de la preuve dans les sciences historiques. Les chercheurs

Between Return and Resistance: Rap as a Means of Access to Engagement and Empowerment Among French Hmong Youth

“…Historically, scholars have studied French rap music from largely socioeconomic and political perspectives (Hammou, 2015). André Prévos (2002) has examined MC Solaar's poetic authenticity and commercial success at the crossroads of aesthetic appetites of the mainstream media and as the witness of injustice and violence.…”

À République séculaire, public pluriel : Abd al Malik rappe sa transnationalité et sa transmusicalité

“…Les descendants de ces immigrants prennent part dans l’émergence du mouvement rap, préalablement né dans les ghettos du Bronx à New York, aux débuts des années 80 et se l’approprient dans les banlieues de Paris et de Marseille comme musique de luttes contre les injustices sociales. Selon Karim Hammou, les recherches en sciences sociales sur le rap des années 1990 demeurent orientées vers « l’affirmation circulaire de l’appartenance des rappeurs à la jeunesse des Banlieues » (2015 : 75). Logiquement, la cité de Neuhof prédispose Malik au rap.…”

« Getting the city on lock » : imaginaires géographiques et stratégies d’authentification dans le rap en France et aux États-Unis

“…Aux États-Unis, Murray Forman (2002) note par exemple que l'espace générique du « ghetto », revendiqué par les rappeurs des années 1980, laisse peu à peu la place à une autre figure, celle du 'hood (abréviation de neighborhood), qui permet aux artistes de mettre en évidence leur attachement à des quartiers spécifiques. En France, Karim Hammou (2015) analyse la manière dont l'assignation du rap à la « banlieue », élaborée par les médias généralistes au début des années 1990, est reformulée ensuite dans le monde du rap à travers la référence à la « rue », qui devient alors un gage d'authenticité au sein du genre.…”