A la seule lecture du titre, quiconque a la moindre culture historique aura répondu d'avance : "Mais bien sûr qu'ils y croyaient, à leurs mythes !" Nous avons simplement voulu faire en sorte que ce qui était évident de « ils » le soit aussi de nous et dégager les implications de cette vérité première 2 . L'analyse académique du rap en France a été à la fois précoce (il existait à peine un premier album de rap français qu'un livre sur le sujet voyait déjà le jour), et longtemps focalisée sur un cadrage unique : le rap comme expression des banlieues. La force de ce cadrage n'est pas fortuite : comme nous le verrons, il a pour lui l'appui de politiques publiques, de la définition médiatique du genre, et bientôt des oeuvres de certains artistes mêmes. Et pourtant, sans même parler de la théorie du reflet implicite dans ce cadrage, la faiblesse des appuis empiriques qui le soutient ne lasse pas d'interroger. Car il n'existait pas de données statistiques sur les publics du rap avant 1997, et il n'en existe toujours pas aujourd'hui en ce qui concerne les producteurs de rap. Ce topos du rap comme expression des banlieues ne repose donc pas sur le jeu habituel de l'administration de la preuve dans les sciences historiques. Les chercheurs
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.