Quel que soit son degré d'organisation, chaque être vivant élabore une réaction inflammatoire plus ou moins complexe en réponse à un traumatisme ou à l'invasion d'un intrus. Cette réponse inflammatoire a probablement évolué en fonction de son efficacité à prolonger la survie des espèces aux prises avec une agression comportant une composante infectieuse. Il semble que les cellules inflammatoires activées puissent également provoquer des dommages tissulaires non spécifiques qui pourraient retarder le processus de réparation. Dans les tissus peu vascularisés à faible concentration cellulaire, comme les tendons (Figure 1), le processus de guérison peut s'étendre sur plusieurs mois. Certaines théories stipulent donc que la minimisation des dommages inflammatoires pourrait se traduire par une accélération significative du processus de guérison. De manière contradictoire, plusieurs observations cliniques suggèrent que l'inflammation jouerait un rôle important dans la réparation tissulaire. Les effets contraires de la réponse inflammatoire soulèvent ainsi plusieurs questions. La réaction inflammatoire est-elle optimale pour les blessures de nature aseptique? Quel est le rôle de chacune des populations de cellules inflammatoires au niveau du site lésé? Le recours aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est-il judicieux, et à quel moment faut-il les prescrire? Qu'implique la modulation de la séquence d'infiltration des différentes populations de cellules inflammatoires? Dans le but d'éluci-der l'effet controversé des AINS sur la récupération de la fonction tendineuse post-traumatique, divers méca-nismes cellulaires et subcellulaires seront abordés, en particulier les activités plurivalentes des prostaglandines, la régulation de la dégradation de la matrice extracellulaire, l'induction de la mort cellulaire par le stress oxydatif, les interactions neutrophiles-macrophages, ainsi que les effets propres à chacun des diffé-rents AINS. Un regard critique sur l'utilisation des AINS, à la suite d'une blessure tendineuse, sera présenté.
Blessure et réaction inflammatoireLa réaction inflammatoire vise à combattre l'agent pathogène, à débarrasser le tissu des débris cellulaires et matriciels, à établir un lien avec la réponse immunitaire acquise et amorcer la réparation tissulaire. Les signaux de danger déclenchés par une altération tissulaire (Figure 2A) activent les cellules sentinelles du ten-> Les tendons contiennent une grande proportion de matrice extracellulaire mais peu de cellules et de vaisseaux sanguins. Par conséquent, le processus physiologique menant à la réparation du tendon lésé dure plus longtemps que pour la plupart des autres tissus. Certains traitements empiriques sont actuellement appliqués dans le but d'accélérer le processus de réparation. Ces approches dogmatiques reposent fortement sur la prémisse selon laquelle l'inflammation est néfaste et sur le fait que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont à prescrire durant la phase inflammatoire aiguë ou chronique. Cependant, des données récente...