L’intégration professionnelle des réfugié-es est un objectif politique important en Suisse, mais la notion en elle-même est complexe, polysémique et en constante évolution. Bien que la littérature ait démontré le rôle intégrateur de l’emploi dans ce cadre, l’accès à l’emploi reste difficile et des dispositifs d’accompagnement ont été mis en place pour faciliter ce processus. Dès lors, le rôle des professionnel-les de l’intégration consiste à favoriser l’autonomisation des réfugié-es, alors que leur climat de travail est empli de contradictions. Selon une perspective psychosociale, nous questionnons l’évolution de la notion d’intégration pour réfugié-es en Suisse, ainsi que l’impact de ces modifications sur l’activité des professionnel-les de l’intégration. Nos analyses mettent en évidence que les évolutions politiques et législatives récentes ne permettent pas de fournir une définition de l’intégration professionnelle, qui se manifeste principalement en une série d’étapes à franchir. Les professionnel-les ont ainsi pour tâche de délimiter eux/elles-mêmes les contours de leur activité d’intégration. Ils/elles les combinent aux enjeux nombreux de l’accès au marché de l’emploi, ce qui amène à de multiples tensions. De plus, les nouvelles réglementations menacent l’équilibre fragile construit dans la pratique et semblent aller à l’encontre des valeurs défendues par ces professionnel-les.