Entre la fin du xixe et le début du xxe siècle, la découverte d’une nouvelle culture méditerranéenne, celle des Ibères, est avant tout le fait d’hommes de science pétris de culture classique. Qu’il s’agisse d’étudier leur grande sculpture en pierre ou leurs productions céramiques, les débats s’attachent d’abord à en démêler l’origine en partant du principe qu’un peuple « barbare » ne peut avoir donné naissance à lui seul à une culture matérielle originale. Il a nécessairement été éduqué par des voisins plus « civilisés ». Les discussions tournent en partie autour de la part qu’il convient de réserver aux influences grecques et phénico-puniques. Un tel dossier permet donc de saisir le regard que portent les érudits d’alors sur les mondes phéniciens et carthaginois, sur leur art et, partant, sur leur goût. Leurs discours s’élaborent dans un contexte bien particulier qui se reflète avec force dans la production historiographique d’alors : celui de La France juive d’Édouard Drumont et de l’affaire Dreyfus.