“…Elle se manifeste par des oppositions de concepts relatives aussi bien aux propriétés formelles de l'ordre juridique (droit/non-droit ; légal/illégal ; formel/matériel ; valide/non valide) qu'au contenu du droit, et partant, fondées sur une certaine représentation de la structuration du monde et de ses modalités d'expression dans le droit : public/privé ; personne/chose ; national/ étranger ; citoyen/non citoyen ; état de droit/état d'exception, féminin/masculin… S'agissant de cette dernière opposition, la Cour de cassation a récemment offert une illustration particulière de la force de l'ancrage binaire des représentations sociales et du droit en la matière. Confirmant un arrêt de la Cour d'appel d'Orléans 3 , elle a en effet refusé l'inscription d'un sexe neutre à l'état civil, inscription qu'avait pourtant pu admettre le Tribunal de grande instance de Tours 4 . La motivation de la Cour de cassation est brève mais significative : « la dualité des énonciations relatives au sexe dans les actes de l'état civil poursuit un but légitime en ce qu'elle est nécessaire à l'organisation sociale et juridique, dont elle constitue un élément fondateur ; que la reconnaissance par le juge d'un « sexe neutre » aurait des répercussions profondes sur les règles du droit français construites à partir de la binarité des sexes et impliquerait de nombreuses modifications législatives de coordination » 5 .…”