À l’issue de plus de vingt années de prospections sur le site de l’agglomération secondaire d’Ardres (Pas-de-Calais), le mobilier céramique est l’objet d’une étude quantitative et qualitative. Il se compose de 3 302 individus de vaisselle gallo-romaine et de 30 piliers, 33 cales et 34 moules à sel, généralement rassemblés sous le nom de briquetage. Le faciès ardrésien, dominé par la céramique modelée, se rattache sans équivoque à des ensembles déjà mis en évidence dans les cités des Morins et des Ménapiens. Mais il semble que les limites administratives soient inadéquates pour expliquer la permanence des techniques potières et saunières dans ces régions. Ce phénomène paraît plutôt trouver son origine dans l’absence de transformation radicale des conditions socio-économiques durant le Haut-Empire. La carte de répartition des villae , nouveaux cadres de la production agricole, va dans ce sens. Ainsi, l’implantation de villae dans les régions de loess coexiste-t-elle avec la disparition rapide de la céramique modelée, alors que dans les zones sablonneuses moins fertiles, les modes de production de La Tène persistent. Ce modèle demande certes à être nuancé mais il permet de dépasser le concept de romanisation de la céramique pour lui préférer des problématiques d’ordre économique et sociologique.