“…Les données mobilisées dans le cadre de cet article sont issues d'une enquête menée en 2017 et 2018, et se basent sur une centaine de journées d'observations ethnographiques lors d'immersions dans trois prisons françaises, et sur 90 entretiens semi-directifs 2 . Dans la lignée de la tradition ethnographique en sociologie des institutions totales (Goffman, 1990) et plus spécifiquement de la prison (par exemple, Clemmer, 1940 ;Sykes, 1997 ;Bosworth, 1999 ;Chantraine, 2004 ;Liebling, Arnold, 2004 ;Crewe, 2009 ;Fassin, 2015), il s'est agi d'étudier, de comprendre et de décrire l'organisation et le fonctionnement institutionnel de ces unités, les relations entre professionnels, la nature effective de leur travail au quotidien, les expériences individuelles des détenus, le processus d'évaluation proprement dit (Chantraine, Scheer, 2020a), la mobilisation éventuelle d'outils criminologiques ad hoc (Chantraine, Scheer, 2020b) et la montée en puissance du renseignement pénitentiaire dans la lutte contre la radicalisation .…”