Cette contribution vise, à partir d’un échange entre deux participants qui se succèdent à un groupe de parole et qui réunit des agresseurs pédophiles et des victimes d’actes pédophiles, à compléter les notions de dialogisme interlocutif, intralocutif et interdiscursif par celle de dialogisme expérientiel. Cette notion que nous proposons semble opératoire pour analyser cette situation particulière de discours (configuration de l’espace interactionnel, histoire [croisée] des participants et raisons qui les amènent à prendre la parole publiquement) et nous invite à poser l’hypothèse d’une dimension antalgique de la parole par une activité de distanciation progressive, par un travail d’introspection expérientielle qui favorise les mécanismes de résilience et de reconstruction.