Séparer les filles et les garçons dans les classes d’éducation physique et sportive : État de la question.

Abstract

Devant le maintien des inégalités entre les sexes a `l'école, le retour de la non-mixité au sein des établissements scolaires est une perspective discutée, envisagée et déja `mise en place dans certains pays. En éducation physique et sportive (ÉPS), la question de la séparation des filles et des garçons dans les classes occupe, a `l'échelle internationale, une place importante et est fréquemment débattue. L'objectif de cette revue de la littérature est de proposer une synthèse des connaissances actuelles concernant les effets de la mixité et de la non-mixité sur la formation des élèves, aussi bien sur le plan du processus d'acquisition des habiletés motrices que sur un plan plus général en lien avec la construction a `la construction de la féminité et de la masculinité en ÉPS. Cet article revient tout d'abord sur les difficultés que pose la mixité en ÉPS, sur la présence de nombreuses inégalités entre les sexes et sur les enjeux propres a `un contexte d'enseignement non mixte. Un état des lieux des travaux réalisés sur la non-mixité en ÉPS est ensuite présenté. Enfin, de par la présence limitée de travaux sur le sujet et des résultats hétérogènes et parfois contradictoires, des perspectives de recherches sont envisagées, notamment autour d'études qui veulent explorer l'activité des élèves afin de rendre compte de la manière dont le genre se réalise (« doing gender ») et émerge au sein de classes mixtes et non mixtes en ÉPS.

Genre : didactique(s) et pratiques d'enseignement

“…La problématique des inégalités scolaires selon le sexe en EPS fait l'objet depuis les années 2000 d'un regain d'intérêt à la fois institutionnel et scientifique La littérature de recherche a mis en évidence des formes récurrentes de discriminations entre filles et garçons dans cette discipline Les recherches francophones ont ainsi conforté un certain nombre de constats établis à l'échelle internationale : 1) la dimension sexiste du curriculum androcentré qui, sous couvert de mixité, a pour effet un renforcement des stéréotypes de sexe notamment en raison des modalités de socialisation sportive masculiniste qui y sont valorisées ; 2) l'iniquité du nombre et du contenu des interactions pédagogiques distribuées aux filles et aux garçons dans les classes mixtes ; 3) le fait que certains garçons s'approprient l'espace de la classe alors que d'autres élèves semblent devenir invisibles aux enseignant•es À la suite de ces constats, la question de la pertinence de la mixité scolaire en EPS a été posée (Bréau, Hauw & Lentillon-Kaestner, 2017 ;Couchot-Schiex, Cogérino & Coltice, 2009 ;Davisse, 2010) Ces débats recoupent ceux menés en psychosociologie et en sociologie de l'éducation à propos des limites de la mixité républicaine (Duru-Bellat, 1995 ;Duru-Bellat & Marin, 2010 ;Marry, 2004 ;Mosconi, 1999) Ce chapitre aborde la question de la mixité en EPS du point de vue de la formation didactique des enseignant•es en Tunisie en l'interrogeant, d'une part, au niveau des pratiques d'enseignement de stagiaires d'EPS, et d'autre part, au regard de ce qu'en dit leur formatrice universitaire Nous pensons en effet que, pour comprendre les manières dont se construisent les inégalités de sexe en EPS, il faut non seulement entrer dans des analyses très fines des interactions didactiques dans la vie quotidienne des classes en questionnant les différences dans les savoirs proposés aux filles et aux garçons (Amade-Escot, 2004 ;Mosconi, 2003), mais aussi considérer que le dépassement de ces difficultés passe par la prise en considération des enjeux de la mixité dès la formation initiale (Couchot-Schiex et al, 2009 ;Léchenet et al, 2016)…”

La mixité vs non mixité en éducation physique influence-t-elle l’intérêt en situation des élèves ?

“…Plusieurs études ont comparé les effets des contextes mixtes ou non mixtes sur différentes variables associées à l'apprentissage en EPS, mais les résultats sont contradictoires. La plupart des études montrent des effets bénéfiques des classes non mixtes en EPS (Bréau, Hauw, & Lentillon-Kaestner, 2017 ;Derry & Phillips, 2004 ;Lyu & Gill, 2011 ;McKenzie, Prochaska, Sallis, & Lamaster, 2004 ;Prewitt et al, 2013). Les classes non mixtes semblent avoir un effet positif plus marqué chez les filles (Derry & Phillips, 2004 ;Lyu & Gill, 2011 ;McKenzie et al, 2004 ;Slingerland, Haerens, Cardon, & Borghouts, 2014).…”

L’égalité filles/garçons en EPS : représentations actuelles des enseignant·es. Se former à et par la recherche lors du mémoire de master MEEF EPS

“…Après avoir ciblé notre thématique et confirmé notre désir de questionner les enseignant•es, nous avons conçu et orienté notre revue de littérature en regroupant plusieurs recherches qui avaient été réalisées dans le domaine de la mixité sexuée en EPS. En effet, les inégalités entre les filles et les garçons font, depuis des années, l'objet de nombreux constats, débats et travaux (Bréau, Hauw & Lentillon-Kaestner, 2017 ;Bréau, Lentillon-Kaestner & Hauw, 2016 ;Cogérino, 2006 ;Davisse, 1989 ;Ferrand & Helvig, 2006 ;Harmand, 2006 ;Patinet & Cogérino, 2013 ;Pontais, 2013). Que ce soit pour soulever des questions sur l'essence de la discipline ou pour dénoncer un déterminisme social (par exemple : Ottogalli-Mazzacavallo, 2017), ces différences de réussite entre les élèves sont un réel problème professionnel au coeur du métier d'enseignant•e d'EPS.…”