En inscrivant le chantier dans une vision écologique du lieu entendu comme milieu, il est possible d'analyser les reconfigurations que connaissent localement les savoirs constructifs au travers d'une étude historicisée et située des interactions entre espaces et acteurs de la construction. On étudie ici les chantiers marseillais comme milieu de savoir où s'élabore, au tournant des XIX e et XX e siècles, une culture de la construction en prise avec le changement social à l'oeuvre dans la cité phocéenne. Ce milieu de savoir peut être saisi à travers deux processus : d'une part, la spécialisation progressive de certains professionnels du bâtiment dans un segment de l'industrie de la construction qui fait appel à des techniques nouvelles, celui des travaux en ciment ; d'autre part, la formalisation des connaissances techniques, par l'écrit et le croquis, que rendent possible les expertises amiables ou judiciaires dont les chantiers sont régulièrement l'objet.