Cet article explore l’évolution des normes sexuelles dans deux institutions pour jeunes filles enceintes au Plessis-Robinson. Avant 1971, la sexualité est régulée par des pratiques disciplinaires sans être toutefois mentionnée explicitement dans les archives. Lors de la grève de décembre 1971 au Collège d’enseignement technique pour jeunes filles enceintes, les revendications des pensionnaires et de leurs soutiens (particulièrement le MLF) rendent visible ce régime de contrôle répressif et amènent les responsables du nouvel hôtel maternel qui ouvre en 1972 à repenser les modalités de prise en charge. Un suivi psychologique et social est mis en place et les jeunes filles sont réintégrées dans des établissements classiques. Ces transformations s’accompagnent d’une mise en discours explicite de la sexualité qui suggère le passage d’une logique de répression à une logique de responsabilité, illustrant la complexe reconfiguration des normes sexuelles qui se joue dans les années 1960-1970.