“…Pour éviter d'ajouter d'autres infractions à celle concernant le séjour tout en permettant aux migrant•e•s de « mériter », certains programmes encouragent l'investissement dans la formation ou encore le bénévolat, travail gratuit autorisé aux non autorisé•e•s, parfois accompagné d'une maigre compensation et dont la valeur « civique » va au-delà de la visée de régularisation et peut être plus généralement vécue comme la performance d'une bonne citoyenneté économique pour qui se trouve dans une position légale et morale probatoire (Aubry, 2019 ;Di Cecco, 2016 ;Di Cecco et al, 2020). Ainsi, le mode de légitimation et de traitement humanitaire des flux est lui aussi traversé par la reconnaissance attribuée au travail, et n'est pas exempt de dynamiques de sélection, notamment en termes de classe sociale, qui viennent nuancer l'idée d'un ciblage systématique des plus vulnérables et conditionnent typiquement le séjour de long terme à l'anticipation d'une productivité civique future (Van Hear, 2004 ;Tcholakova, 2017 ;Chauvin et Garcés-Mascareñas, 2018 ;Ravn et al, 2020). Ce faisant, l'humanitarisme valorise une figure de la victime rédimable, qui fait apparaître la performance non tant comme l'inverse de la vulnérabilité que comme la nouvelle définition de la bonne vulnérabilité.…”