La définition actuelle de la douleur, établie par l'International Association for the Study of Pain ® , se présente comme étant « l'expression d'une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire existante, potentielle ou décrite en termes d'une telle lésion ». Cette définition sous-entend des mécanismes complexes d'ordre anatomophysio-pathologiques d'une part et psychologiques d'autre part, à l'origine de la sensation douloureuse [1]. Ces dernières années, la caractérisation moléculaire de plus en plus fine des voies de la nociception a précisé l'implication d'une classe particulière de canaux ioniques : les canaux calciques dépendants du voltage (CCDV). Ces structures s'avèrent être des cibles de premier choix dans le traitement de la douleur. Les événements et les voies conduisant à la sensation de la douleur sont brièvement présentés dans cet article. Cet article fait ensuite le point de manière détaillée sur les CCDV, leurs implications dans la nociception et leurs intérêts comme cible pharmacologique dans le traitement de la douleur.
Du stimulus à la sensation de douleur : un cheminement complexeClassiquement, la nociception est décrite comme l'ensemble des fonctions de l'organisme permettant de détecter, de percevoir et de réagir à des stimuli potentiellement nocifs. À titre d'exemple, le contact avec un élément piquant se traduit rapidement par un réflexe de retrait. Il s'agit donc, avant tout, d'un mécanisme protecteur permettant à l'individu de maintenir son intégrité physique. En dehors de ce contexte, la douleur n'a pas lieu d'être. Les différentes thérapeutiques visant à l'atténuer prennent dès lors toute leur importance. On distingue deux formes principales de douleurs : la douleur de type neuropathique et celle de type nociceptif. La douleur neuropathique, la plus rare, résulte le plus souvent d'une lésion du système nerveux périphérique ou central. Il s'agit d'une douleur persistante (même après disparition de la lésion) aboutissant fréquemment à une chronicité. La douleur nociceptive provient de dommages tissulaires, autres que des tissus nerveux, et disparaît en général avec la guérison de la lésion. Bien que la nociception soit un mécanisme hautement complexe tant d'un point de vue anatomique que moléculaire, il est possible d'en établir un schéma général (Figure 1). > Les canaux calciques dépendants du voltage représentent une des voies principales d'entrée du calcium dans la cellule nerveuse où ils participent activement à l'excitabilité cellulaire et aux processus moléculaires de la transmission synaptique. Ils ont, de ce fait, été depuis longtemps la cible pharmacologique d'analgésiques et ce, avant même que leur implication dans la physiologie de la nociception ait réellement été démontrée. Ces dernières années, la caracté-risation moléculaire de plus en plus fine de ces canaux et de leurs sous-unités régulatrices, ainsi que la démonstration de leur implication dans les processus nociceptifs, a permis de définitive-ment considérer ces structures comme des ...