Le système d’enseignement supérieur roumain a, ces deux dernières décennies, fait preuve d’un remarquable dynamisme dont témoignent, d’une part, la multiplication du nombre des étudiants et des établissements et, d’autre part, les transformations du cadre normatif et de la configuration des institutions pilotant le secteur de l’éducation tertiaire. Une vaste production émanant notamment de ses acteurs fait état de la chronologie, des objectifs et des modalités de cette transformation mais les travaux centrés sur eux sont quasi inexistants. Pour combler cette lacune, nous interrogeons ici les conditions sociales de possibilité et les processus de production des réformes, ainsi que la composition des groupes qui les ont portées. Le choix d’un tel angle d’analyse nous permet de jeter un nouveau regard sur un cas national fortement connecté aux dynamiques de la « mondialisation universitaire » impulsées par des institutions telles que la Banque mondiale, l’Unesco, l’Union européenne. Il nous permet aussi de reconsidérer, en intégrant une interrogation sur leur dimension internationale, les logiques des transformations postcommunistes en Roumanie et, plus largement, en Europe de l’Est. Au niveau méthodologique, nous procédons par une restitution historique des étapes du processus de transformation de l’enseignement supérieur et nous reconstituons les réseaux réformateurs à partir des trajectoires professionnelles et des positions institutionnelles des acteurs.