À partir d’une observation participante accomplie en qualité de chargé de mission « sports de nature » au sein d’un département (2011-2013) et de conseiller technique et pédagogique du ministère de la Jeunesse et des Sports en services déconcentrés (2008-2010), cet article examine dans quelle mesure, en France, la mise en œuvre opérationnelle d’une politique publique d’État sur le segment des sports de nature, introduite par le ministère des Sports dans le cadre de la loi modifiée sur le sport de 2000, semble faire l’objet d’une mutation paradigmatique depuis la promulgation du décret Natura 2000. Fondée sur une analyse cognitive de l’arsenal juridique ainsi que sur la capitalisation de matériaux issus d’une expérience professionnelle pensée dans une perspective ethnographique, cette recherche présente l’émiettement du rôle du ministère des Sports, pourtant à l’initiative de la définition du référentiel de politique publique qui préconise d’agir en faveur du « développement maitrisé » des sports de nature. Plus encore, l’émergence de ces dispositifs de préservation environnementale des sites de pratique sanctionne-t-elle une nouvelle doctrine dans les politiques publiques de développement des sports de nature ? Celle-ci se caractériserait, d’une part, par un retour de l’État sur les territoires et, d’autre part, par l’effritement de la reconnaissance d’une expertise profane forgée au cours des approches expérientielles des milieux naturels et revendiquée par le mouvement sportif et les pratiquants libres.