La guerre des mots dans la transition mexicaine Depuis 1988, le Mexique a connu la mise en place progressive d'un système tripartisan. Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), héritier de la révolution mexicaine, né à la fin des années vingt, consolidé dans les années trente autour d'un régime semi-corporatiste, reste cependant au pouvoir jusqu'en 2000. Au cours de cette longue période, le régime connait des phases d'ouverture et de fermeture, la palette du rapport aux groupes d'opposition allant de l'exclusion du jeu électoral à la répression physique en passant par la cooptation. Le Parti Action nationale (PAN), né en 1939 de groupes contre-révolutionnaires et de leur réaction à une reprise du « programme révolutionnaire », constitue jusqu'en 2000 le principal parti d'opposition. Il est le seul à ne pas être interdit ou à pouvoir remplir les critères pour participer à la vie électorale, le seul à avoir aussi eu une vie partisane continue. Clairement situé à droite, implanté historiquement dans le centre et le nord du pays, le PAN remporte l'élection présidentielle de 2000. En 1989, un troisième parti fait son apparition : le Parti de la révolution démocratique (PRD). Il nait de la rencontre entre plusieurs petits partis de gauche, des mouvements sociaux, des « organisations sociales » (associations) nées de la cristallisation de ces derniers et le Courant démocratique (CD) du PRI. En 1988, lors des résultats de l'élection présidentielle, alors que le candidat du Front de gauche (Cárdenas) est en tête, le système informatique tombe en panne. Une fois celui-ci réparé, c'est le candidat du PRI, Carlos Salinas de Gortari, qui est donné vainqueur. La fraude-ou ce qui est vécu comme tel par les partisans de Cárdenas-provoque, par réaction, une résistance civique de grande envergure. Ce mouvement contribue à l'accélération du rassemblement de la gauche mexicaine apparu dès le milieu des années quatre-vingt. Il donne naissance au PRD. Donc, à partir du début des années quatre-vingt-dix, c'est autour de ces trois partis que se développe la vie politique nationale et c'est aussi dans leurs inter actions que se joue en grande partie la trajectoire de la transition démocratique mexicaine. Pour toute une série de raisons que nous allons évoquer au fil de cet article, le PRD occupe une place singulière, devenant l'« opposition » par