Nous remercions M. Hartmann Tyrell ainsi que la maison d'édition Springer VS de nous avoir accordé l'autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro. Wir danken Herrn Hartmann Tyrell und dem Verlag Springer VS für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren.
I. Remarque préliminaire 1 1La sociologie de Max Weber aborde la religion et la politique comme des « sphères de valeur » ou des « ordres de vie » distincts 2 . En d'autres termes : elle part de la différence entre le politique et le religieux et s'efforce de distinguer l'un et l'autre d'un point de vue conceptuel (et systématique) ; elle opère aussi cette distinction en songeant aux contextes sociaux dans lesquels religion et politique se recoupent ou sont en étroite corrélation l'une avec l'autre. En ce qui concerne ces deux ordres de vie, Weber avait également en tête une différenciation, entendue comme une évolution à long terme et une séparation ; dans le même temps, son objectif de recherche, élargi aux dimensions d'une histoire universelle, était de mettre en relation ces deux sphères, de s'interroger sur leurs interactions et de faire ressortir de façon plus systématique la variété inouïe des formes que pouvaient revêtir les configurations « religio-politiques », si on m'autorise l'expression 3 . Weber s'y est attaché dans Economie et Société, notamment dans le contexte de sa « Sociologie de la domination 4 » ; dans la Considération intermédiaire 5 , il s'interroge sur la relation conflictuelle qui s'instaure entre les valeurs religieuses universalistes et les lois autonomes du politique.