Le syndrome de Sjögren (SS) est une épithélite auto-immune, rarement décrite en Afrique noire. Nous rapportons ses aspects épidémiologiques, diagnostiques, thérapeutiques et évolutifs en milieu hospitalier sénégalais au travers d'une étude rétrospective, transversale, réalisée dans les services de rhumatologie et de médecine interne du CHU Aristide-Le-Dantec de Dakar, entre janvier 2012 et septembre 2016. Le diagnostic des observations de SS colligées était en accord avec les critères américano-européens modifiés en 2002 (critères de Vitali). Nous avons colligé 370 observations de SS chez 327 femmes et 43 hommes, soit un sex-ratio de 1/9. Il s'agissait de 251 formes primitives (SSp) et de 119 formes secondaires (SSs). La prévalence hospitalière du SSp était de 5 %. L'âge moyen était de 42 ans ± 15. Le délai du diagnostic était de sept ans. Les formes familiales totalisaient 47 cas index, avec un risque relatif de survenue de la maladie estimé à 6,3 % pour les apparentés de premier degré. Les formes juvéniles totalisaient sept cas de SSp. Le syndrome sec était constant : buccal (87 %) et oculaire (84 %). Les manifestations extraglandulaires étaient présentes dans 87 % des cas. Les arthrites étaient érosives dans 75 cas, secondaires à une polyarthrite rhumatoïde. Les autoanticorps (facteurs rhumatoïdes [49/147], anticorps antipeptides cycliques citrullinés [anti-CCP] 24/79, Sjögren's syndrome autoantigen A [anti-Ro/SSA] [41/140], Sjögren's syndrome autoantigen B [anti-La/SSB] [22/140], antinucléaires [14/55] et cryoglobuline [1 cas]) étaient objectivés. L'histologie pratiquée chez 253/370 patients était contributive chez 229 d'entre eux.