Cet article vise à contribuer conceptuellement à la compréhension des rapports aux lieux et aux territoires des individus et des collectifs à travers une proposition théorique articulée autour d’un triptyque métaphorique ancrage (le bateau et son ancre), encastrement (l’imbrication de deux ensembles), empreinte (les influences et les traces laissées). Afin de donner corps à ce triptyque, chacune des métaphores va être définie puis appliquée empiriquement au champ de l’art et de la culture dans une perspective territoriale. L’analyse s’appuie sur des enquêtes de terrain menées sur les liens entre l’art, la culture et les territoires dans divers contextes (Île-de-France, Nantes, Shanghai, etc.) et à l’aide de différents outils (entretiens, observation, analyse de réseaux, etc.). Elle permet de mettre en évidence trois principaux résultats : d’abord, l’agglomération spatiale des lieux culturels dans certains quartiers urbains singuliers et l’articulation des ressources locales et des circulations internationales qui s’y joue ( l’ancrage ), ensuite la diversité des formes et des degrés d’insertion dans le territoire des lieux culturels ( l’encastrement ), et enfin l’ambivalence des traces et des effets des acteurs et projets culturels sur les territoires et leurs trajectoires ( l’empreinte ), effets qui peuvent contribuer à la vitalité culturelle locale, mais aussi à la production de phénomènes de désancrage/désencastrement de la création artistique. Au-delà du champ artistique et culturel, ce triptyque ouvre des perspectives de recherches sur les rapports sociétés-territoires en proposant une grille conceptuelle transversale et dynamique pour analyser la dimension spatiale des réalités sociales.