Concurrencée, dans le domaine critique, par des termes comme « transmédialité » et « intermédialité », ou bien abordée sous les angles de la reprise et de la réécriture qui mettent moins l’accent sur la notion de médium que sur le geste même de la répétition d’un même « univers », l’adaptation semble être devenu un horizon théorique du passé. Comme le souligne Sarah Cardwell (2018), à force d’inclure de multiples formes de reprises, les Adaptation studies en arrivent à se passer, paradoxalement, de l’adaptation, et à se trouver ainsi diluées dans un ensemble plus vaste, qu’on pourrait appeler Intertextual studies. Le présent article vise à montrer que la théorie de l’adaptation gagne à être articulée en lien avec ce qui nourrit, d’une manière générale, la culture populaire : la sérialité. Quelques exemples de séries télévisées contemporaines de type « néo-victorien » ainsi qu’un examen métacritique des catégories de « monde » et « univers » fictionnels montreront que le brouillage entre adaptation et intertextualité est aussi l’occasion de mettre en œuvre des approches théoriques de l’adaptation plus ouvertes, qui tiennent compte de l’expansion permanente des formes fictionnelles contemporaines.