Résumé Cet article explore, à partir du thème de la «guerre contre le terrorisme», la capacité des graffitis protestataires à éveiller ou maintenir une conscience oppositionnelle. Les graffitis sont abordés comme forme infrapolitique de mobilisation : leur signification n’est pas rapportée à un mouvement social à part entière dont ils seraient une manifestation secondaire ou annonciatrice, mais ils sont interprétés comme une manière particulière d’intervenir dans l’espace public ayant, au-delà de ses limites, une valeur et des vertus propres. Celles-ci reposent notamment sur le caractère paradoxalement personnalisé d’inscriptions, en général anonymes, qui chargent d’émotion la formulation de messages protestataires. Partant, le caractère souvent énigmatique, voire contradictoire, du message de tels graffitis ouvre en réalité un espace d’indétermination qui renforce leurs potentialités politiques.