Les sciences des religions ont fait des pas de géants depuis les dernières décennies du dix-neuvième siècle. Cette « discipline », créée par des Européens dans un contexte de développement scientifique sans précédent, a radicalement transformé l'étude de la religion. Faceà l'éclatement du paradigme chrétien, la nouvelle science va graduellement déployer son discours séculier, au grand dam de la théologie chrétienne traditionnelle 1 . L'objet principal du livre de Gregory Alles est l'étude « scientifique » de la religion, « not theology or its equivalents » (7). La distinction entre les deux perspectives n'est pas souvent, comme le souligne le professeur du McDaniel College du Maryland, clairement définie « in some regions of the world ». En fait, la distinction entre les deux pose souvent problème. L'auteur fait référence au Religious Studies, terme ambigu par excellence, surtout dans une perspective mondialisée. Comme nous l'avons déjà souligné ailleurs (Gardaz, 2009), cette appellation renvoie, dans la langue de Molière,à « la » science des religions (Religionswissenschaft), « aux » sciences des religions ouà un cocktail d'histoire des religionsà saveur théologique, voireà un mélange de saveur « naturaliste » (c'est-àdire une perspective scientiste digne du positivisme comtien). En pratique, les Religious Studies sont généralement synonymes de « sciences religieuses », « sciences des religions », «étude comparée des religions » et « Histoire des religions » (