Le point de départ de l’article est une interrogation sur les algorithmes informatiques, qui pénètrent dans tous les aspects de la vie matérielle, biologique et sociale. La réflexion progresse en suivant le fil qui va de l’externalisation de l’intelligence humaine dans des machines à l’incorporation par les êtres humains des procédures numériques. Les frontières entre naturel, culturel et technique se brouillent. L’opposition Humains/Non-Humains, en remplacement de Culture/Nature, a heureusement focalisé l’attention sur nos connexions avec l’environnement. En contrastant vivants (créateurs de connaissances) et non-vivants (porteurs d’informations) et en procédant par étagement des intelligences, ce texte souligne à la fois nos parentés et nos différences avec le non-vivant et avec le monde animal et invite donc à une décentration du regard et des interrogations. L’éducation, diffuse ou scolaire, doit encourager cette prise de conscience progressive de la stratification et de l’interdépendance des intelligences du vivant. L’ensemble des systèmes d’enseignement, de l’école enfantine aux recherches de pointe, devrait participer à la prise de conscience de nos rapports à la biosphère, apporter sa contribution critique et documentée aux débats sur ces questions, passer au crible scientifique les arguments des grandes entreprises privées et de l’État.