“…En l’absence d’études cas-témoins appariées, ces données observationnelles doivent être analysées en tenant compte de nombreux biais possibles [8] , [9] , [10] : - la qualité du recueil du statut tabagique, volontiers incomplet car souvent issu d’une recherche rétrospective dans les dossiers médicaux, dont on connait le peu de fiabilité [11] et pouvant être faussé en raison du contexte du recueil dans l’urgence ;
- le manque de données détaillées sur le statut tabagique (données sur le statut d’ex-fumeur souvent absentes ou incomplètes ; études où les sujets sans donnée sur le statut tabagique sont classés comme non-fumeurs), ou pour les ex-fumeurs l’absence d’information sur le délai entre l’arrêt du tabac et la maladie : un fumeur ayant arrêté très récemment est susceptible d’avoir un risque équivalent à celui d’un fumeur et dans ce cas c’est l’impact des statuts fumeur + ex-fumeur qu’il faudrait logiquement analyser. À noter d’ailleurs, qu’indépendamment du statut tabagique, les patients ayant un diagnostic récent de maladie liée au tabac présentent un risque considérablement accru de Covid-19 [12] ;
- pour certaines études, un manque d’ajustement sur le sexe, l’âge (ajustement fondamental étant donné la répartition particulière de la Covid-19 selon ces deux critères) et de prise en compte d’autres facteurs, notamment les pathologies liées au tabagisme qui peuvent comporter une prévalence moindre de fumeurs, ces patients étant fréquemment devenus abstinents ;
- le choix le plus souvent inapproprié de la population générale du pays comme population de référence, alors qu’il faudrait choisir une population de sujets hospitalisés, puisque la majorité de ces études concernent des patients hospitalisés ;
- il est possible également que les fumeurs soient moins susceptibles d’être contaminés, en raison de la réduction de fréquence et de durée de leurs contacts sociaux [13] .
- quant au sexe-ratio H/F des patients, de l’ordre de 60 % pour la Covid-19, il n’est pas cohérent avec l’hypothèse que fumer serait protecteur, en particulier dans les études réalisées en Chine, pays où le tabagisme est très majoritairement masculin [14] .
…”