> Trente ans après son apparition, l'épidémie du VIH (virus de l'immunodéficience humaine) continue de progresser. Par conséquent, réduire le nombre de nouvelles infections via la mise au point de nouveaux outils et stratégies de prévention reste une priorité. Récemment, il a été démontré que les antirétroviraux (ARV), qui ont largement contribué à allonger l'espérance de vie des personnes séropositives, pourraient également avoir un impact direct dans le domaine de la prévention. Deux nouveaux moyens de prévention du VIH, basés sur les ARV, ont récemment montré leur efficacité dans des essais cliniques et études observationnelles : la prise d'ARV par la personne séropositive -afin de réduire le risque de transmission du VIH -, et la prise d'ARV par la personne séronégative -afin de réduire le risque d'acquisition du VIH. Si l'efficacité de ces deux nouveaux outils de prévention au niveau individuel est avérée, leur impact populationnel reste incertain. Dans cette revue, nous discutons l'impact de ces deux nouveaux outils de prévention sur la dynamique de l'épidémie du VIH. < réduire leur charge virale (la quantité de virus dans leur organisme), et donc la probabilité qu'elles transmettent le virus. En effet, une relation dose-effet entre la charge virale de la personne VIH + et le risque de transmission a été mise en évidence : chaque fois que la charge virale est multipliée par 10, le risque de transmission est multiplié par 2 à 3 [4-6]. La PrEP consiste, elle, à proposer, de façon préventive, un traitement antirétroviral chez des personnes séronégatives (VIH -), mais fréquemment exposées au risque d'infection par le VIH, afin de réduire leur risque de contamination. Ces deux stratégies ont déjà fait la preuve de leur efficacité dans la pré-vention de la transmission mère-enfant du VIH [52] (➜). L'utilisation de combinaisons d'antirétroviraux chez la mère et l'administration d'antiré-troviraux au nouveau-né dans la période périnatale ont permis de réduire la transmission mère-enfant du VIH (qui est naturellement de 20 % à 25 %) à moins de 1 % dans les pays occidentaux [7,8,52] (➜). Dans les pays à ressources limitées où l'allaitement maternel prolongé est parfois incontournable, la poursuite du traitement du nouveau-né par monothé-rapie antirétrovirale lors de l'allaitement permet de réduire le risque de transmission postnatale [9]. L'utilisation des ARV dans le but de prévenir la transmission et l'acquisition du VIH n'est donc pas nouvelle, mais son efficacité dans la prévention de la transmission et de l'acquisition du VIH par voie sexuelle restait néanmoins à prouver. Dans la suite de cette synthèse, nous présentons les résultats des études qui évaluent l'impact, au niveau individuel puis populationnel, de chacune des deux stratégies.
Deux nouveaux moyens de prévention basés sur les ARVLe TasP consiste à proposer un traitement antirétroviral précoce aux personnes séropositives (VIH + ) dans le but de