Cette contribution se pose pour objectif d'enquêter sur l'histoire de l'enseignement de la littérature en Suisse romande et au Tessin (mi-XIX ème siècle -fin du XX ème siècle) pour comprendre comment cet enseignement se met en place dans l'instruction publique et avec quels corpus et quelles représentations il s'érige. Deux projets de thèses seront présentés dans ce cadre. L'une concerne l'enseignement de la lecture des textes littéraires et les représentations qu'il véhicule dans les cantons de Neuchâtel et Fribourg ; l'autre, les corpus qui constituent la littérature et la formation d'un canon littéraire selon la langue première enseignée en classe. L'étude est menée par le biais d'une démarche méthodologique historico-didactique. Elle mobilise un concept didactique, à savoir celui de disciplinarisation, et recourt aux outils de l'historien, en établissant un corpus de sources archivistiques et en recourant à une périodisation. On présentera deux cantons aux aires linguistiques, culturelles et confessionnelles différentes, Neuchâtel et le Tessin. Nous partons de deux hypothèses : 1) un processus de disciplinarisation s'observe avec la littérature dans le cadre de l'enseignement de la lecture au sein de la discipline « Français » à Neuchâtel ; 2) la littérature enseignée participe à la constitution et l'évolution de la réputation littéraire des textes et à la création d'un canon littéraire au Tessin. Cette contribution tente de mettre en lumière, pour mieux le comprendre, les processus qui ont formé l'enseignement de la littérature tel qu'il se pratique actuellement à Neuchâtel et au Tessin.