La moto est l’un des produits industriels les plus représentatifs de l’essor des relations commerciales entre la Chine et l’Afrique. L’auteur de l’article a ethnographié la circulation de cette marchandise globalisée entre les districts industriels chinois et le golfe de Guinée, investissant des « hubs ethnographiques », des lieux qui jalonnent la production, la commercialisation et la consommation de ces motos et où se déploient connexions, rencontres, alliances. Par un retour sur ce long terrain multisitué, l’article esquisse les implications épistémologiques et méthodologiques d’une enquête anthropologique qui vise à embrasser la totalité d’une chaîne globale d’approvisionnement et de valeur. Il insiste sur l’intérêt heuristique d’une entrée par les trajectoires d’une marchandise et discute de quelques nœuds problématiques typiques de ces terrains : la multi-positionnalité du chercheur, la triangulation transnationale, l’impossible érudition selon le modèle classique de l’enquête localisée.