Comment les jeunes se sont-ils insérés sur le marché du travail, en France, pendant les années 2004 à 2011, marquées par la crise économique de 2008 ? Telle est la question centrale de l'ouvrage « Sept ans de vie professionnelle des jeunes : entre opportunités et contraintes ». Pour y répondre, Arnaud Dupray et Emmanuel Quenson ont réuni un collectif de vingt chercheurs, économistes et sociologues, ayant analysé les données de l'enquête Génération 2004 du Céreq. Les enquêtes Génération présentent l'originalité d'interroger et de suivre l'ensemble des sortants d'une même année du système éducatif. Comme les générations sont construites en fonction de la date de sortie de la formation initiale et non de l'année de naissance, cela permet de s'assurer que tous les jeunes interrogés sont entrés sur le marché du travail dans la même conjoncture. Cela en fait donc l'enquête idéale à la fois pour analyser l'insertion et pour apprécier l'impact d'une crise économique. Trois contributions évaluent directement l'impact de la crise économique, en comparant l'insertion des jeunes sortants en 1998, qui n'ont pas connu la crise, avec celle des sortants de l'année 2004, sur les sept premières années de leur vie active. Ces analyses confirment que la crise s'est traduite par une dégradation de l'insertion des jeunes sortants qui ont connu des épisodes de chômage plus nombreux et plus longs (Calmant & Ménard), ont été plus souvent contraints à travailler à temps partiel (Couprie & Joutard) et ont moins souvent accédé aux emplois de cadres (Di Paola & Moullet). Si ces résultats ne surprennent pas, chacune de ces analyses utilise des techniques avancées de statistique pour les démontrer. Les contributions nuancent aussi finement la portée de cette dégradation qui varie selon le niveau de diplôme ou l'origine sociale. On apprend ainsi, par exemple, que ce sont surtout les jeunes peu ou faiblement diplômés qui ont été davantage touchés par les risques de chômage ou de temps partiel involontaire. Il ressort