Le français fait montre d'une diversité impressionnante au plan global, ce qui nous présente un véritable laboratoire sociolinguistique pour l’étude du changement linguistique et de la variation, des phénomènes de contact, de l'aménagement linguistique, de l'acquisition, etc. Par contre, d'après Françoise Gadet (2011:132), «[o]n peut alors se demander pourquoi les chercheurs sur le français n'ont pas davantage exploité une telle opportunité.» L'article de Mougeon, Hallion, Bigot et Papen répond bien aux appels de Gadet en faveur d'augmenter le nombre d’études sur les différentes variétés, ce qui nous permet d'explorer la «palette de diversité» du français (Gadet 2011:132). En ce qui a trait plus précisément aux français de l'Ouest canadien, les articles sur ces variétés sont de plus en plus nombreux, ce qui contraste avec la situation depuis quelques décennies. À titre d'exemple, le livre Le français canadien parlé hors Québec: aperçu sociolinguistique (dir. par Mougeon et Beniak 1988) est organisé en deux parties, la première sur le français ontarien et la seconde sur le français acadien, ce qui tient compte des variétés de français de l'est du Canada, mais pas de l'ouest. En dépit du fait que les variétés de français à l'ouest de l'Ontario sont exclues de ce livre, Mougeon et Beniak (1988:2) remarquent qu'il «est toutefois à souhaiter [. . .] [que] la linguistique du français canadien continuera sa poussée vers l'Ouest». Ce n'est pas par erreur qu'ils excluent ces variétés, mais plutôt parce qu'il y a un véritable «manque d’études sur le français de l'Ouest canadien» (1988:2).