La concentration exceptionnelle de dépôts métalliques du Bronze moyen 2 en Médoc est connue depuis le xix e siècle. Cette pratique n'est pas limitée au domaine atlantique, mais la concentration de cinquante-sept dépôts sur un territoire aussi restreint en fait un cas particulier à l'échelle de la France. Le Médoc regroupe à ce titre plus de la moitié des dépôts découverts en Aquitaine. Ces dépôts se caractérisent par des haches en bronze massives, principalement du type médocain, mais aussi de productions exogènes, telles que les haches à talon de types breton, normand et beaucoup plus rarement du Centre-Ouest. Au total ce sont plus de 660 kg de bronze qui ont été découverts en Médoc depuis le xix e siècle. Pourtant, cette région ne dispose d'aucun gisement métallifère. Les échanges avec l'ensemble du domaine atlantique sont bien attestés par les productions métalliques venues de ces régions et qui se retrouvent dans les dépôts du Médoc. La relative rareté des productions continentales, telles que les haches du type du Centre-Ouest ou d'Orléans, prouve que les sociétés médocaines étaient prioritairement tournées vers l'Océan. La situation géographique, entre l'Océan et le fleuve Garonne, a contribué au développement des échanges à longue distance. La place stratégique qu'occupait le Médoc au Bronze moyen a donc permis aux populations de la péninsule de s'approvisionner en ressources métalliques. La question se pose alors de savoir quelles contreparties ces sociétés pouvaient proposer dans les échanges. Des indices de production de sel sont attestés plus au sud à la dune du Pilat pour le Bronze moyen, mais également sur le littoral médocain pour des périodes plus récentes. Il s'agit d'une des possibilités, mais les données sur l'habitat et l'artisanat manquent cruellement pour pousser la réflexion. La quasi disparation de la pratique des dépôts au Bronze final coïncide avec une modification de l'environnement. La structure économique a pu à cette occasion être ébranlée, ne permettant plus aux sociétés de l'âge du Bronze du Médoc de disposer des ressources nécessaires au maintien des échanges à longue distance et à leur approvisionnement en ressource métallique. L'évolution de l'environnement autour de l'estuaire de la Gironde est en effet très importante durant l'âge du Bronze, avec des modifications importantes du fonctionnement des marais médocains. Nous pouvons mettre en évidence que la pratique des dépôts métalliques au Bronze moyen se concentre exclusivement autour des marais tidaux, dont nous savons grâce aux études paléoenvironnementales qu'ils étaient en eaux à cette époque. Ce lien fort entre les dépôts et les zones humides questionne sur la relation qu'ils pouvaient entretenir. Nous pouvons envisager un rôle symbolique, en lien avec les eaux divinisées, qui est attesté par ailleurs notamment au Bronze final et au premier âge du Fer, ou bien encore à une structuration pragmatique du territoire. Il semble qu'il y ait une récurrence de cette pratique sur des mêmes espaces, comme en témoignent certaines déco...