Les Cahiers internationaux de sociolinguistique 2 qu'indirectement et par le biais de l'écrit qui est arrivé jusqu'à nous (Ayres-Bennett 2004 : ix ; Martineau 2013 : 130). Les linguistes diachroniciens (depuis Marchello-Nizia 2012) ont montré l'intérêt des travaux portant sur l'oral représenté dans les textes pour l'étude de l'évolution du français et ont défini le cadre théorique et la méthodologie d'une telle approche. L'étude de Romaine de la variation syntaxique en moyen-écossais (1982) donne, quant à elle, un élan sans précédent à la recherche en sociolinguistique historique et, pour le français, nous devons citer les recherches de Lodge (1999Lodge ( , 2004, notamment celles portant sur le français parlé à Paris au Moyen Âge. Toutefois, dans ce domaine de recherche, les travaux portant sur les langues romanes demeurent assez peu nombreux, intégrant surtout le paramètre social dans les études en histoire externe de la langue (Ayres-Bennett 2018 : 253-254), et ceux qui s'inscrivent dans le champ de l'oral représenté tendent à se concentrer sur l'ancien français (Ayres-Bennett 2018 : 259) 1 .Notre étude portera sur des textes littéraires 2 écrits aux XV e et XVI e siècles, car (Anipa 2012 : 179) « Literature, fiction-based or not, is an integral part of language and of the language in which it is written. It is also a manifestation of language use and linguistic behavior and, therefore, a legitimate source of data for (socio)linguistic research. » Il s'agit, simplement, de prendre en compte les particularités de notre médium (l'écrit) et de nos sources (littéraires).Puisque c'est probablement dans l'oral représenté qu'on trouve un terrain fécond à l'analyse de la langue des rangs sociaux les plus bas de la société 3 , nous avons choisi plusieurs textes de genres différents (narratif, didactique, dramatique) comprenant tous une proportion assez élevée d'oral représenté non-standard, mis dans la bouche de personnages populaires ou d'étrangers 4 . Les mystères nous permettront en outre de comparer la langue de personnages 1 Il faut toutefois prendre en compte les travaux du projet « Oral représenté » (Paris 3 -Sorbonne Nouvelle) dirigé par G. Parussa et F. Lefeuvre portant sur le corpus CoDiF qui ne se limite pas à l'ancien français.2 C'est un choix ; il aurait été possible, par exemple, de s'intéresser aux documents de la pratique.3 Nous y reviendrons plus tard dans l'article : ce n'est en effet pas des classes les plus modestes que proviennent les écrits de cette époque. Il faut donc passer par la retranscription (dans les documents de la pratique) ou la représentation (en littérature).4 Notons que, lorsque l'on s'intéresse à l'oral représenté des personnages étrangers, il est difficile, voire impossible, de faire la distinction entre un trait linguistique volontairement fautif et un phénomène lié à un usage non-standard de la langue. Chaque groupe doit être étudié à la lumière de ses caractéristiques sociales.