1-3> L'utilisation d'un gène comme médicament est l'un des concepts les plus passionnants de la médecine moderne. Les vecteurs viraux ont été largement utilisés à cette fin et ont montré une efficacité thérapeutique dans une variété de modèles animaux de dégénérescence rétinienne. L'extension de ce succès à une application clinique a été initialement lente, mais une expression à long terme de gènes thérapeutiques a récemment été obtenue chez des patients atteints de déficits immunitaires, d'hémophilie B ou de troubles héréditaires de la rétine. Ces résultats ont suscité des espoirs pour le traitement de nombreuses autres maladies, et ont ouvert la voie au développement de nouveaux outils de transfert de gènes. Comme nous le verrons ici, les perspectives et les défis de la thérapie génique sont dans une large mesure dépendants du tissu ciblé, de la maladie concernée et, surtout, de l'efficacité du transfert génique. L'acheminement du gène vers les cellules cibles dépend de vecteurs, qui doivent assurer une expression durable du gène sans engendrer ni toxicité ni réaction immunitaire de la part de l'hôte. La conception de tels vecteurs, proposée pour la première fois dans les années 1970, s'est avérée être plus compliquée que prévu, limitant pendant de nombreuses années le succès de la thérapie génique. Les vecteurs doivent donc être adaptés à chaque scénario ; nous discuterons ici la conception de tels vecteurs pour un transfert de gènes vers la rétine. < breuses pathologies entraînant une cécité. La lumière est captée par un neurone particulier appelé le photorécepteur (PR). Une grande partie des maladies cécitantes, comme par exemple la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) ou la rétinopathie pigmentaire, sont dues à la dégénérescence des photorécepteurs. Les dégénérescences rétiniennes héréditaires sont hétérogènes et complexes en raison de la grande diversité de leurs causes génétiques ; on recense à ce jour plus de 180 locus impliqués dans les rétinopathies liées à la mort cellulaire des photoré-cepteurs [1]. Celle-ci peut être la conséquence d'un défaut primaire des photorécepteurs ou être secondaire à un défaut de fonctionnement de la couche cellulaire sous-jacente aux photorécepteurs, appelée l'épithé-lium pigmentaire rétinien (EPR). Il n'y a actuellement pas de traitement médicamenteux permettant de cibler ces maladies à long terme. La thérapie génique, qui vise à transférer un gène thérapeutique dans les cellules cibles afin qu'elles produisent elles-mêmes le « médi-cament » de façon stable et prolongée, est donc une stratégie thé-rapeutique particulièrement intéressante dans le cas des maladies de la rétine. Pour ce faire, des vecteurs ont été développés afin de transporter les gènes thérapeutiques d'intérêt et les délivrer dans les cellules cibles. Les récents succès de la thérapie génique oculaire pour le traitement d'une dégénérescence rétinienne appelée l'amaurose congénitale de Leber [2-4], dans trois essais cliniques indépendants en 2008, ont fait naître l'espoir que cette stratégie puisse...