L’internationalisation de l’industrie musicale française participe de la fabrique des représentations de la musique dite made in France dans le monde et de la place qu’y occupent les femmes. Dans cet article, nous abordons cette fabrication en dressant un portrait des figures d’artistes femmes qui se sont distinguées pour leur succès à l’export, à partir des données du Bureau Export, l’organisme chargé d’accompagner les professionnels français à l’international avant la création, en 2020, du Centre national de la musique (CNM). Cette étude montre, dans un premier temps, un processus apparent de féminisation au sein de l’export made in France, sans que l’on puisse toutefois parler de parité. Dans un deuxième temps, nous avons identifié une répartition genrée des rôles, avec des femmes principalement chanteuses et des hommes davantage producteurs, instrumentistes ou rappeurs. Un premier modèle de féminité qui s’exporte est celui d’une francité blanche et hétéronormative, oscillant entre élégance et nostalgie, correspondant à un imaginaire relativement convenu à l’international. Le deuxième modèle est celui de la chanteuse « du monde », aux accents pop-folk, faisant référence à une forme de métissage de bon aloi. Toutefois, l’on observe une diversification progressive de ces modèles, témoignant d’une certaine plasticité genrée de la pop française à l’international, à la fois en termes d’identité sexuelle et d’identité ethnique. Cette plasticité s’ajoute non seulement à une forme de féminisation progressive de l’export, mais aussi à une certaine exportabilité des stéréotypes genrés du made in France.