Introduction : Problématique majeure de santé publique de par le Monde, l’avortement provoqué est probablement le phénomène démographique et social le moins documenté au Maroc. La rareté des données, la sensibilité du sujet en raison de sa pénalisation par la loi (sauf exceptions) et de la stigmatisation sociale dont il fait l’objet, rendent l’avortement difficilement abordable. Cet article se propose de contribuer à la connaissance de l’ampleur de ce phénomène au Maroc, en confrontant des méthodes directe et indirecte. Méthode : Cette étude s’est basée sur les données issues de l’enquête nationale démographique à passages répétés de 2009-2010, les enquêtes nationales de planification familiale et de santé de 2003-2004, 2011 et de 2018, en plus des recensements généraux de la population et de l’habitat de 2004 et 2014. Son objectif était de mesurer le taux d’avortement en utilisant des approches indirectes, en l’occurrence le modèle de Bongaarts (1978) et la méthode de Westoff réduite et améliorée (2008), et une méthode directe fondée sur les déclarations des femmes elles-mêmes. Résultats : Le taux annuel d’avortement atteint respectivement, selon la méthode de Bongaarts et de Westoff améliorée, 11,6 ‰ contre 37,6 ‰ en 2004, 5,1 ‰ contre 38,7 ‰ en 2009 et 4,4 ‰ contre 39,9 ‰ en 2014. En 2009-2010, ce taux atteint 7,21 ‰ chez les femmes non-célibataires, 8,35 ‰ en milieu rural et 6,34 ‰ en milieu urbain, selon la méthode directe. Conclusion : Les estimations des taux annuel d’avortement devraient être reproduites ou complétées par d’autres approches afin de mieux cerner la réalité sur le niveau de ce phénomène au Maroc.
A recent universal public health problem, intrauterine mortality (IUM), is probably the least documented demographic and social phenomenon in Morocco caused by data scarcity. This study aims to measure the IUM’s intensity and effect on women’s fertility. IUM quotients and their components (early fetal and late fetal mortality) were estimated by constructing the mortality table. An empirical examination of IUM’s impact on fertility was conducted using a direct method, the Bongaarts model (1978) and Leridon (2002) method. The data is from the 2009–2010 National Demographic Survey. The results show that in 2009–2010, the IUM quotient reached 272% pregnancies: 290% in urban areas versus 251% in rural areas. This IUM reduced potential fertility by 6% using the direct method. In particular, abortion reduced potential fertility by 5% versus 3.5% in 2009–2010, using the Bongaarts and Leridon methods. Given the importance of abortion, its impact on fertility, and its multidimensional consequences, it is interesting to research the determinants associated with the recourse to abortion as a significant public health issue.
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