n ne trouverait guère aujourd'hui d'enseignants, de responsables pédagogiques, d'hommes politiques, qui ne jugeraient bon d'y consentir : l'art doit avoir sa place dans l'école, toute la place qui lui est due et reconnue. La conviction de l'importance des arts dans l'école conduisit même, en France, un président de la République, Jacques Chirac, à élever un temps l'éducation artistique au rang de priorité nationale. Bref, l'art à l'école et, plus largement, la légitimité éducative des pratiques artistiques et culturelles, semblent faire l'objet d'un rare consensus. Au moins dans les idées et les discours ; que dans les faits l'accord soit souvent malmené, que les restrictions budgétaires frappent d'abord à cet endroitlà, que les hiérarchies disciplinaires ne désarment pas aisément, ces constats ne sauraient néanmoins suffire à méconnaître une ligne de force persistante et résistant aux aléas des politiques éducatives : un principe supérieur commun, d'ordre artistique et esthétique, paraît aujourd'hui s'affirmer dans la définition du bien éducatif. Il n'est pas à proprement parler nouveau ; les Lettres sur l'éducation esthétique de l'humanité avaient conduit Schiller à en donner dès la fin du XVIII e siècle une formulation systématique ; et l'entrée du dessin et de la musique comme arts dans l'école républicaine s'est bien faite dans la conscience de la contribution de l'art à l'éducation générale. La nouveauté tient à l'accord qui en procède et à la place inattendue que viennent ainsi occuper au sein de la culture scolaire des perspectives disciplinaires et un ensemble de valeurs longtemps maintenues dans un statut secondaire, quand ils n'étaient pas l'objet d'une suspicion positiviste explicite, comme on peut le lire sous la plume d'un Émile Durkheim. La convergence de la politique éducative et de la politique culturelle, scellée en France comme au Québec dans des plans d'action communs aux deux ministères, voire leur réunion dans le portefeuille d'un même ministre, donne à cet accord une forme institutionnelle très visible. En conclure, tout de go, sous l'invocation de l'âge postmoderne,
Revue Française de Pédagogie, n°137, octobre-novembre-décembre 2001, 17-26 À quoi pensent les pédagogues ? La pensée pédagogique au miroir du philosophe Alain Kerlan Mots-clés : pédagogie, philosophie de l'éducation, modernité, rationalisme, romantisme. À quoi pensent les pédagogues ? La pensée pédagogique au miroir du philosophe
Le recours éducatif à l’art et au sensible, aux registres de l’esthétique et de la sensibilité, bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle considération. Il bouscule le dualisme et l’intellectualisme inhérent à la forme scolaire, réhabilite le sensible, et ouvre la voie d’une refondation des apprentissages et de l’éducation sur une base esthétique. Une réelle prise en compte du sensible et de la dimension esthétique en éducation toutefois ne va pas de soi. Elle exige en tout premier lieu un travail de clarification conceptuelle. Il s’agit désormais de s’assurer des conditions de possibilité et de réussite de l’alternative pédagogique ouverte par ce recours à l’art et à la sensibilité. Ces conditions sont indissociablement pédagogiques et philosophiques. La voie de l’art et de la sensibilité en éducation ne peut dès lors faire l’économie de quelques interrogations philosophiques fondatrices : pourquoi avons-nous « besoin » d’art ? Que signifie le plaisir esthétique ? Qu’est-ce au juste que l’expérience esthétique ? La conduite esthétique ? Qu’est-ce que le « sensible » et comment fait-il sens ? Et de quelle éducation avons-nous alors besoin ?
RÉSUMÉ -L'ExpérienceRESUMO -A Experiência Estética, uma Nova Conquista Democrática -Este artigo parte das Cartas sobre a Educação Estética do Homem, do poeta, dramaturgo e filósofo Friedrich Von Schiller. Ele começa mostrando a atualidade política e educativa desse texto e insiste sobre a necessidade de retomar o gesto hoje na perspectiva de uma etapa nova e necessária para a democratização cultural. Ao fazer referência também à estética de John Dewey e apoiando-se em trabalhos contemporâneos sobre artistas envolvidos na tarefa educacional, este artigo problematiza os interesses e as questões que a arte e a educação têm em comum hoje em dia. Palavras-chave: Experiência Estética. Democracia. Educação Estética. Subjetivação. Normatividade.
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