L’auteure interroge les relations conflictuelles et la dialectique entre des définitions institutionnelles et des usages locaux du patrimoine à partir de l’étude ethnographique de l’« espace culturel du yaaral et du degal », festivités de transhumance peules du delta intérieur du Niger au Mali déclarées « chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’Humanité par l’UNESCO » en novembre 2005, et inscrites sur à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2008. C’est par une variation des jeux d’échelles, une étude des paradoxes, et des enjeux de pouvoir que ces fêtes sont étudiées. L’article présente d’abord la construction patrimoniale de l’« espace culturel du yaaral et du degal » par la Direction Nationale du Patrimoine Culturel (DNPC) au regard des définitions internationales du patrimoine culturel immatériel promues par l’UNESCO et de la politique culturelle malienne. Il propose ensuite une définition endogène de la patrimonialisation et de ses présentations publiques à la lumière d’un exemple sur les compétitions pastorales. Ces dernières illustrent la manière dont des éléments culturels peuvent se trouver pris dans un double processus de création patrimoniale et de transmission d’un idéal pastoral recréé. Pour finir, l’étude d’un conflit pour le poste de chef des éleveurs pose la question de la gestion patrimoniale des enjeux pastoraux locaux. La lecture patrimoniale de ces fêtes renvoie alors à une analyse du champ politique.
La vallée du fleuve Sénégal est le théâtre d’importants aménagements depuis l’époque coloniale, révélateurs des enjeux politiques, économiques et stratégiques de ce fleuve. Des exemples précis de poésies orales en langue peule témoignent, par leur forme tout autant que leur contenu, d’un attachement fort à ce territoire, de pratiques et d’usages des terres bordant le fleuve, de sociabilités et de rapports de pouvoir – en somme, de modes de relations aux paysages fluviaux et de gestion des ressources – généralement peu pris en compte dans les politiques d’aménagement du territoire concernant cette région. La conception de ce territoire à l’échelle du bassin versant, véhiculée par cette poésie, a laissé place à une approche techniciste portée par les aménagements de la vallée depuis le XXe siècle. Le constat est que ce passage constitue une rupture d’une "continuité écologique" entre wâlo, zone inondable, et diêri, non inondable, entendue comme le tissage que permet le réseau hydrologique d’une myriade de mares entre elles, et qui, en soi, fait office d’entité vivante.
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