Un pas décisif fut franchi dans l'évolution de l'humanité avec la découverte de la culture des plantes alimentaires et la domestication des animaux. On l'a qualifié à juste titre de révolution1. Cette révolution néolithique a surtout été envisagée d'un point de vue quantitatif : l'augmentation des ressources alimentaires rendait possible un accroissement démographique qui à son tour permettait une meilleure division du travail, un progrès des techniques et une différenciation sociale, l'apparition des classes par exemple. C'est sur un autre aspect de cette révolution que je voudrais appeler l' attention : sur un changement dans les rapports entre l'homme et la nature et sur ses conséquences quant aux relations interhumaines. Vis-à-vis du monde végétal et animal, à partir du néolithique, l'homme n'est plus seulement un prédateur et un consommateur, désormais il assiste, il protège, il coexiste longuement avec les espèces qu'il a « domestiquées ». De nouveaux rapports se sont établis, d'un type « amical », et qui ne sont pas sans rappeler ceux que les hommes entretiennent entre eux à l'intérieur d'un groupe. Mais les rapports qui existaient à l'époque de la cueillette ne peuvent être complètement abolis, ils réapparaissent au moment de la récolte (pour les plantes) ou de l'abattage (pour les animaux). Cet inévitable changement d'attitude rend nécessaires des rites de passage, des cérémonies. On i. Gordon Childe, What happened in history, chap. 3 (Penguin books, pelican A 108), traduit sous le titre : Le Mouvement de l'histoire (Arthaud, 1961, p. 49). Voir aussi Robert J. Braidwood, The agricultural revolution, tiré à part de Scientific American, sept, i960, distribué par Current Anthropology. Mais il s'agit dans ces textes de l'agriculture à céréales et non pas de celle à tubercule ; je dois donc renvoyer pour cette dernière à L'Homme et les plantes cultivées, Paris, 1943, pp. 88, 134, 140.