Cet article, élaboré à l'occasion du colloque « Espaces domestiques » organisé par Béatrice Collignon et Jean-François Staszak les 17-20 septembre 2002 à l'Institut de Géographie, est publié ici tel qu'il a été rédigé en janvier 2003. Pour en comprendre le sens, il est important d'avertir le lecteur qu'il répondait à un double objectif. D'une part, celui d'introduire une controverse au sein de ce colloque par la critique du terme « Espaces domestiques » proposé dans le texte d'appel à communications : il ne suffit pas d'accoler espace à tout qualificatif pour produire un concept géographique et son assimilation sans justification à la « dimension spatiale de la maison » réduit la « domestication » de l'espace à la relation corporelle et mentale au « dedans » alors que la tension entre l'appropriation du dedans et du « dehors » est vraisemblablement une tendance majeure de l'habiter contemporain. D'autre part, celui d'engager au sein du Ladyss un processus de confrontation et d'évaluation des expériences de recherche des jeunes chercheurs convoquant la question des rapports à la nature et aux lieux de vie des individus « ordinaires » dans le but de construire un groupe de travail qui interroge le concept de mode d'habiter comme évaluateur des rapports des individus et des groupes sociaux à leurs lieux et milieux de vie ; ceci pour identifier à la fois les « bonnes pratiques » des lieux au regard de leur durabilité, et les « lieux et milieux favorables » à une habitabilité durable. Cette double motivation à laquelle s'ajoute le péril de l'écriture collective lui confère une qualité exploratoire dans un cheminement collectif qui ne semble pas encore abouti. Depuis, ce texte est une des bases du travail du Collectif « Mode d'habiter », aujourd'hui constitué, les commentaires en sa marge illustrent les premières pistes qui orientent vers une nouvelle rédaction théoriquement plus achevée. Habiter le dedans et le dehors : la maison ou l'Eden rêvé et recréé Strates, 11 | 2004 Habiter le dedans et le dehors : la maison ou l'Eden rêvé et recréé Strates, 11 | 2004
Ce colloque organisé par l'équipe « Population, Santé, Territoires » (POST) 1 s'est inscrit ouvertement dans une perspective de géographie sociale de la santé et sur les traces de La Géographie du bien-être 2 . Cependant, place était aussi faite à d'autres approches, voire à d'autres disciplines (anthropologie, sociologie, économie, « service social »), afin d'échanger autour de la vaste question du bien-être et des espaces propres à le favoriser. Se sont côtoyés dans ce colloque des chercheurs français, bien sûr, mais aussi européens et canadiens, ainsi qu'un Africain. Si l'ouvrage novateur d'A. Bailly a, comme celui-ci l'a précisé dans l'introduction générale, connu peu de succès, au point de finir au pilon, le développement -on pourrait même à ce propos parler de surenchère -dont le mot « bien-être » fait l'objet dans les sphères du marketing et des médias est frappant. Par contre, alors qu'outre-Atlantique, le champ des recherches autour de questions relatives au bien-être, au cadre de vie, à la qualité de vie est depuis longtemps investi, la recherche européenne ne s'y intéresse que depuis peu et ne lui accorde encore qu'un intérêt limité. La présence au colloque d'un auditoire réduit (surtout constitué des intervenants) té-moigne peut-être d'une certaine méfiance de la communauté scientifique française à l'égard de cette notion, bien que la simultanéité des colloques en cette période ait pu aussi jouer dans ce sens. En revanche, on a noté une bonne représentation des jeunes chercheurs : sur la trentaine de communicants, on a compté une dizaine de doctorants et une demi-douzaine de post-doctorants ou d'enseignantschercheurs de fraîche date. Ne se satisfaisant pas de la définition trop générale que l'Organisation mondiale de la santé donne de la santé 3 , les organisateurs ont pris pour objet le bien-être défini comme « rapport à la conscience, rapport à la société, rapport à l'espace ». Cette notion, précisent-ils, « fait appel à la fois aux analyses individuelles et collectives [et] nous renvoie à la totalité des relations entre la société, les hommes et le milieu 4 ». Plusieurs points de vue se sont exprimés : analyse spatiale de la santé et du soin ; analyse plus sociologique du fonctionnement des organismes sanitaires et sociaux ; mais aussi approche d'écologie humaine ; ou encore des approches très qualitatives de l'articulation entre représentations et pratiques des lieux et des milieux. La diversité des populations étudiées, de leurs exigences et des situations socio-spatiales a conduit à porter la réflexion sur les inégalités face au bien-être -inégalité des conditions de vie, inégalité des besoins. . . -et ce, à des échelles allant du vécu individuel des personnes aux politiques publiques, de « microsites » à des régions entières du globe 5 . Les restitutions de travaux de recherche ont largement prédominé, avec un souci de rendre compte autant des protocoles et des méthodes que des résultats.La pluralité des thèmes abordés 6 , et des problé-matiques à travers lesquelles ils le sont, donne une im...
Ce colloque constituait les 2 es Rencontres internationales de recherche en urbanisme de Grenoble. Son inté-rêt résidait dans l'association encore peu habituelle des termes de ville et de nature. Son objectif était de « mesurer la réalité de la ville-nature contemporaine ». L'appel à communication 1 précise -et Y. Chalas, responsable scientifique de la manifestation, l'a rappelé dans son introduction orale -ce qu'il faut entendre par « ville-nature » : c'est « l'interpénétration » de la ville et de la nature, à savoir « l'urbanisation de la nature » et la « ruralisation de la ville ». Les considérations qui suivent cette définition laissent entendre que la « ville-nature » est un fait, et un fait en développement. Les questions soulevées portent sur l'importance de son expansion, sa correspondance avec une demande sociale « urbaine » et son accompagnement par des politiques publiques et des projets d'aména-gement, le tout afin de « mieux comprendre en retour nos sociétés, nos villes et nos campagnes contemporaines ». L'avancée de la « ville-nature » est supposée se traduire sur quatre plans : un plan géographique, par un changement d'échelle de la ville qui devient ville-territoire, ville-région, et qui donc intègre des zones naturelles et agricoles ; un plan politique, car les questions agricoles et la gestion de ces espaces entrent alors dans le débat de la cité ; un plan sociologique, parce qu'apparaît « une troisième sorte d'habitant » (périurbain), qui se caractérise par des pratiques et des représentations contradictoires de la nature et de l'environnement, en ce qu'il veut à la fois la ville et la campagne, et dont le poids démogra-phique croissant influe sur les espaces et leur gestion ;Auteur correspondant : A. Morel-Brochet, Annabelle.Morel-Brochet@malix.univ-paris1.fr 1 L'appel à communication de ces rencontres a été publié dans Natures Sciences Sociétés, 2003, 11, 4, 437-438. implication paysagiste, enfin, dans la mesure où existe une attente, voire une exigence, de projets d'aménage-ment de la nature différents des réalisations passées et satisfaisant les individus sur le plan sensoriel. Ces premiers éléments de la réflexion proposée sont déjà révé-lateurs de certaines représentations relatives à la ville, à la nature, à l'agriculture, à l'aménagement du territoire. Ils renvoient également à une perception de l'habitant. Cet exposé des motifs ancre directement la probléma-tique dans les débats sur la « métropolisation 2 », le « dé-veloppement urbain durable », la maîtrise de l'étalement urbain et des mobilités, et sur le statut et les fonctions des espaces ruraux et agricoles. Pourtant, aucune allusion n'est faite à cet ensemble de thèmes : d'autres mots sont privilégiés.Que ce soit sur le plan des thématiques ou de la finalité, la diversité des communications présentées est frappante 3 . Deux types de propos peuvent être identifiés : ceux faisant état de projets de recherche ou de recherches 2 Mouvement appuyé de concentration de la population dans les grandes villes.3 À noter le caractère très ...
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